NITRITE DE BUTYLE

TYPE PRINCIPAL

Le nitrite de butyle est un inhalant, appelé «poppers» dans le cadre de son usage récréatif, en référence à l’un des divers composés chimiques connus sous ce nom, incluant d’autres nitrites d’alkyle. Il est inhalé pour son «rush» bref mais intense, qui peut décupler le plaisir sexuel et produire une sensation d’euphorie. Il dilate les vaisseaux sanguins, augmentant le rythme cardiaque et la pression artérielle dans tout l’organisme, avec des effets qui durent généralement tout au plus quelques minutes. Il se présente sous la forme de petites fioles, en partie car il perd de sa puissance au bout de quelques jours à peine, mais aussi car seule une petite quantité est nécessaire pour ressentir ses effets.

Le nitrite de butyle et les poppers en général sont considérés comme faisant partie des drogues les moins dangereuses, bien qu’ils puissent tout de même comporter des risques très importants, en particulier lorsqu’ils sont pris de manière abusive ou chez les personnes ayant des problèmes de santé. L’utilisation de poppers sous une forme autre que l’inhalation, par exemple en les buvant ou en se les injectant, est extrêmement dangereuse. Le nitrite de butyle est également très inflammable, et bien qu’il puisse être inhalé à partir d’une cigarette trempée dans des poppers, des cas de blessures résultant de cigarettes s’étant accidentellement enflammées ont été rapportés.

Les poppers n’entraînent généralement aucun problème de dépendance physiologique. Cependant, certaines personnes ont déjà développé des habitudes de consommation de nitrite de butyle, ce qui peut provoquer une forme de dépendance.

À l’origine destinés à un usage médical, les poppers ont commencé à devenir populaires dans les discothèques dans les années 1970, tout d’abord au sein de la communauté homosexuelle, avant de se répandre parmi toutes sortes d’usagers dans différents secteurs sociaux.

Les nitrites d’alkyle, dont le nitrite de butyle est une des diverses formes, sont néanmoins destinés à des usages potentiellement légitimes, quoique superficiels, dans les désodorisants, les nettoyants pour les têtes vidéo et les dissolvants, et bien qu’ils soient soumis à des restrictions dans certains pays, y compris aux États-Unis, ils sont légaux dans d’autres, tant qu’ils ne sont pas commercialisés comme des produits destinés à la consommation humaine.

AUTRES TYPES

Dans le cadre de son usage récréatif, le nitrite de butyle est désigné quasi exclusivement sous le nom de «poppers», qui peut aussi faire référence aux autres nitrites d’alkyle. Si le terme poppers peut être considéré comme son nom de rue, il est souvent commercialisé sous des marques telles que «TNT», «Liquid Gold» et «Rush». Il est facilement accessible dans de nombreux pays, en particulier dans les pays développés.

Bien qu’il s’agisse techniquement d’une substance contrôlée, elle peut être prescrite à des fins médicales. Au Royaume-Uni, on trouve souvent des poppers dans les magasins et sur les stands vendant des accessoires de consommation de drogue, dans les bars gay et sur Internet, du fait qu’ils sont techniquement légaux tant qu’ils ne sont pas commercialisés comme des produits destinés à un usage récréatif. En raison de leur taux de décès et du risque de dépendance relativement faibles par rapport aux autres drogues, ils ne constituent pas une priorité pour les gouvernements et les organismes de répression en matière de stupéfiants.

PRINCIPAUX EFFETS

Les effets de l’inhalation de nitrite de butyle sont quasiment instantanés et très intenses pendant un très court instant. Les consommateurs sentent le sang monter à la tête, ce qui s’accompagne d’une sensation d’étourdissement et de bouffées de chaleur. Les poppers détendent les muscles appelés «muscles lisses», qui entourent les vaisseaux sanguins, entraînant une augmentation du débit sanguin et une très forte accélération du rythme cardiaque. Les muscles lisses sont également présents dans l’anus, ce qui contribue à expliquer la popularité de cette drogue au sein de la communauté gay. Bien que les effets puissent être légèrement différents d’une personne à l’autre, ils décupleraient le plaisir sexuel et ralentiraient la perception du temps.

En dépit de leurs effets immédiats et intenses dès leur inhalation, les poppers ont une durée de vie exceptionnellement courte, qui va de 30 secondes à quelques minutes, en fonction de la quantité inhalée. Une exposition prolongée est normalement désagréable en raison des maux de tête provoqués, et les overdoses par inhalation sont donc rares.

Les poppers comportent toutefois des risques et peuvent être mortels chez une personne ayant des problèmes cardiaques ou de pression artérielle. Les poppers provoquent également un gonflement des yeux, ce qui peut présenter un risque pour les personnes souffrant de glaucome. Le nitrite de butyle ne doit jamais être mélangé au Viagra, ce qui peut être très dangereux.

La plupart du temps, une consommation excessive de poppers provoque des maux de tête et le contact avec la substance peut entraîner des brûlures sur la peau. Ceci peut également se produire avec des inhalations répétées et des irritations peuvent apparaître autour de la bouche et du nez.

L’ingestion de poppers peut exceptionnellement être dangereuse, même accidentellement en petites quantités, et peut provoquer une perte de conscience, un coma, voire un décès. Les femmes enceintes doivent éviter de prendre des poppers.

PAYS PRODUCTEURS

Bien que les poppers soient techniquement illégaux aux États-Unis, du fait de leurs risques relativement faibles au niveau de la santé et de la mortalité, ils ne constituent pas une priorité pour les organismes de répression en matière de stupéfiants et tant qu’ils sont commercialisés, par exemple, comme parfums d’ambiance ou nettoyants pour têtes vidéo, il semble qu’ils puissent se vendre assez librement. La situation est la même au Royaume-Uni et dans d’autres pays européens, où l’approvisionnement peut techniquement constituer un délit, mais pas la possession. Fait assez étrange, au Royaume-Uni et dans d’autres pays, les poppers sont légaux en vertu du Medicines Act 1968 tant qu’ils ne sont pas commercialisés comme des produits destinés à la consommation humaine, bien qu’il soit largement reconnu qu’ils sont principalement utilisés à cette fin.

Ils peuvent également être prescrits et obtenus en pharmacie pour traiter des pathologies telles que les angines, bien que ceci soit extrêmement rare puisqu’il existe des médicaments plus efficaces. Les gouvernements ont tendance à concentrer leurs efforts sur les drogues plus dures et sur la consommation des solvants, ce qui signifie qu’il y a relativement peu d’arrestations dans les pays occidentaux pour des faits liés uniquement aux poppers.

De ce fait, le nitrite de butyle ne fait pas l’objet de trafic illicite à grande échelle, car il est souvent économiquement plus intéressant de le fabriquer dans le pays dans lequel il est vendu, ou simplement d’importer des variétés légales. On a également constaté une augmentation, ces dernières années, du nombre de poppers importés par le biais de commandes passées sur des sites Internet basés dans des pays où les poppers sont légaux, comme la Chine, la Pologne, l’Afrique du Sud et le Royaume-Uni. En dépit de leur apparente légalité dans ces pays, de nombreux autres pays classent les poppers comme une substance illicite, mais peu prioritaire étant donné ses faibles risques pour la santé.

Aux États-Unis, de nombreuses sociétés qui utilisaient autrefois du nitrite de butyle dans la fabrication de poppers ont réagi, lorsque celui-ci a été déclaré illégal, en utilisant à la place comme principal ingrédient du nitrite de cyclohexyle, un composé légal. Celui-ci ne doit toutefois pas être commercialisé comme un produit destiné à la consommation humaine. Le nitrite de butyle reste souvent le principal ingrédient des poppers fabriqués au Royaume-Uni.

Les poppers sont le plus souvent en vente dans les sex shops, sur les stands des marchés et dans les magasins vendant des accessoires de consommation de drogues. On ne les trouve ni dans les magasins traditionnels ni dans les supermarchés, ce qui reflète la zone d’ombre qui entoure leur légalité. Tant que le nitrite de butyle, ainsi que les poppers en général, ne sont pas liés à un nombre important de décès et de risques pour la santé, il semble que les fabricants, les gouvernements et les consommateurs y trouvent un équilibre relatif.

Toute tentative visant à pénaliser davantage cette drogue ne ferait qu’inciter les fabricants à modifier les ingrédients pour contourner la loi, ce qui pourrait aboutir à la production de variantes plus dangereuses et à une augmentation du trafic illicite. De même, toute tentative des fabricants visant à commercialiser les poppers comme une drogue récréative serait considérée comme illégale, même si c’est en réalité l’usage visé.

FAITS ET STATISTIQUES

FAITS

  • Le nitrite de butyle est l’un des principaux ingrédients utilisés dans les poppers. Le nitrite d’amyle peut également être utilisé. Poppers est le terme employé pour désigner ces substances en tant que drogue récréative.
  • Lorsqu’il est inhalé, il provoque une sensation intense d’euphorie, avec des bouffées de chaleur et une détente des muscles, en particulier autour de l’anus. Les effets apparaissent immédiatement lors de l’inhalation, mais ils durent rarement plus de quelques minutes.
  • Les poppers étaient à l’origine utilisés pour traiter les angines et les empoisonnements au cyanure. Ils ont commencé à être commercialisés dans les années 1970, devenant particulièrement populaires au sein des communautés gay américaines.
  • Leur légalité dans de nombreux pays est quelque peu entourée d’une zone d’ombre. Au Royaume-Uni, les poppers à base de nitrite de butyle sont légaux tant qu’ils sont commercialisés, par exemple, comme dissolvants ou nettoyants pour têtes vidéo et non comme des produits destinés à la consommation humaine.
  • Les poppers sont considérés comme relativement inoffensifs par rapport aux autres drogues et n’entraînent aucune dépendance. Ils peuvent cependant être extrêmement dangereux lorsqu’ils sont associés à d’autres pathologies comme le glaucome, l’anémie et les problèmes cardiaques.
  • Ils sont particulièrement dangereux s’ils sont ingérés, auquel cas ils peuvent être mortels.
  • Le nom «poppers» vient du son («pop») produit par les flacons en verre dans lesquels ils étaient vendus. Aujourd’hui, ils sont vendus dans des petites fioles, en partie car ils perdent très vite de leur puissance, mais aussi car seule une petite quantité est nécessaire pour en ressentir les effets.
  • Les poppers peuvent entraîner des brûlures cutanées en cas de contact et une consommation répétée peut provoquer une irritation autour du nez et de la bouche lors de l’inhalation.
  • Par le passé, les poppers ont été associés au VIH et ont parfois été accusés d’en être responsables. Aucune preuve scientifique n’est cependant venue étayer cette thèse. On pense au contraire que les consommateurs de poppers ont tendance à se livrer davantage à des pratiques sexuelles à risque. Ceci peut également accroître l’exposition à certains cancers chez les personnes séropositives.

STATISTIQUES

  • Une étude menée en 1987 aux États-Unis a conclu que moins de 3% de la population avait déjà consommé des poppers. Ce chiffre est nettement plus élevé chez les hommes homosexuels, chez qui l’utilisation des poppers est bien plus répandue.
  • Les effets des poppers sont instantanés dès l’inhalation, mais ne durent que 2-3 minutes tout au plus.
  • En 2000-2001, 1,5% des Américains âgés de 12 à 17 ans auraient admis avoir consommé des poppers. Ce chiffre atteignait 1,8% chez les adolescents de plus de 14 ans.
  • Inversement, lors d’une étude menée dans le nord-ouest de l’Angleterre, 20% des adolescents de 16 ans ont avoué avoir consommé des poppers, ce qui laisse penser que les poppers sont bien plus populaires parmi cette tranche d’âge au Royaume-Uni qu’aux États-Unis.
  • Les fioles de poppers varient de 5 à 30 ml, mais elles sont le plus souvent vendues en doses de 10 ml. Une fiole de 30 ml suffirait pour des centaines d’inhalations.
  • Le point d’ébullition du nitrate de butyle est de 78,2 degrés Celsius.
  • En 1978, on a estimé que l’industrie des poppers réalisait plus de 50 millions de dollars de bénéfices par an. L’industrie était à cette époque largement dirigée par les organisations criminelles.
  • Lors d’une étude menée en 1988 auprès d’hommes homosexuels à Washington DC et à Baltimore, 69% des personnes interrogées ont avoué avoir consommé des poppers, 21% déclarant qu’ils en avaient consommé au cours de l’année précédente.

SIGNES DE DÉPENDANCE

Les poppers n’entraînent aucune dépendance physique, mais il est possible de développer une dépendance psychologique et quelques cas ont été enregistrés après une consommation répétée. Certains consommateurs peuvent se sentir incapables d’avoir des relations sexuelles s’ils ne sont pas sous l’influence de poppers ou peuvent tout simplement apprécier l’effet qu’ils procurent. Les poppers peuvent aussi être liés à la consommation d’autres solvants et d’autres substances.

Bien que les effets du nitrite de butyle soient très brefs, ne durant que quelques minutes tout au plus, il est facile de les détecter avant qu’ils ne disparaissent. L’inhalation provoque des bouffées de chaleur et des sensations intenses mais brèves d’ivresse et d’euphorie, avec une accélération importante du rythme cardiaque. Une fois les premiers effets évanouis, les consommateurs peuvent se plaindre de maux de tête.

Le signe le plus évident de consommation régulière de poppers est une irritation cutanée autour du nez et de la bouche. Les poppers brûlent la peau en cas de contact et les vapeurs en cas d’utilisation répétée ont un effet similaire.

On ne trouve généralement pas de nitrite de butyle dans les magasins conventionnels ni dans les supermarchés et des visites répétées dans les sex shops, les magasins vendant des accessoires de consommation de drogue et sur les stands des marchés peuvent dénoter une intention d’acheter des poppers. Ceux-ci sont vendus en petites fioles dont l’étiquette indique une marque comme «Liquid Gold» ou «TNT» et sont décrits comme un nettoyant pour têtes vidéo ou un dissolvant. Leur présence peut donc alerter.

TRAITEMENTS

Le nitrite de butyle n’entraîne aucune dépendance, ce qui ne signifie pas pour autant qu’un consommateur ne peut pas développer une dépendance psychologique, peut-être du fait qu’il ne pense pas pouvoir avoir de relations sexuelles sans en prendre ou qu’il apprécie simplement l’effet. Une dépendance au nitrite de butyle est donc relativement simple à traiter, car en l’absence de symptôme physique de manque, il s’agit uniquement de se débarrasser de l’habitude. Bien qu’il soit préférable de consulter un médecin lorsqu’il est question d’une dépendance, quelle qu’elle soit, une dépendance aux poppers ne devrait en principe pas nécessiter une trop grande intervention médicale, excepté dans les cas les plus graves.

Cesser de prendre des poppers est essentiellement une question de volonté, car il n’existe aucun besoin physiologique. Cependant, les raisons initiales de la dépendance peuvent s’avérer être plus complexes que le simple fait d’apprécier les effets ressentis. Un désir sous-jacent de modifier régulièrement son humeur peut être le signe de problèmes psychologiques plus graves, qui devront être traités pour faciliter le sevrage.

Si une personne ne se sent pas capable d’avoir des relations sexuelles sans en prendre, ceci peut dénoter des problèmes émotionnels pouvant nécessiter une thérapie, de simplement en parler à quelqu’un ou éventuellement un traitement médicamenteux. Une personne qui souhaite fréquemment modifier son état d’esprit peut souffrir d’autres problèmes psychologiques comme une dépression. Il est important de diagnostiquer et de traiter ces problèmes lorsque possible, afin d’écarter le risque qu’une personne dépendante se contente à terme de remplacer une drogue par une autre potentiellement plus puissante et plus nuisible.

La consommation répétée de poppers est associée à des effets nocifs durables qui peuvent être préoccupants. Dans de rares cas, les consommateurs peuvent par exemple s’exposer à certaines pathologies comme une arhytmie cardiaque. Il peut être préférable pour une personne qui tente de se défaire d’une dépendance aux poppers de consulter un médecin pour faire un bilan afin de s’assurer que tous les problèmes de santé qui pourraient en résulter à long terme sont détectés et traités avant qu’il ne soit trop tard.

L’un des meilleurs moyens de rompre une habitude, quelle qu’elle soit, est de la remplacer par quelque chose de moins nocif. Si une personne a l’habitude d’inhaler des poppers dans certaines situations ou à certains moments de la journée, il peut être préférable qu’elle s’occupe d’une autre façon, par exemple en mâchant un chewing-gum.

Supprimer la tentation d’acheter des poppers en ne fréquentant plus les lieux où ils sont en vente peut aussi être efficace. Comparé à d’autres drogues plus puissantes, les poppers sont parmi les plus faciles à abandonner, mais il peut être difficile de se débarrasser d’une vieille habitude, même en l’absence de signe de dépendance physique.