Barbituriques

TYPE PRINCIPAL

Les barbituriques appartiennent à une catégorie de médicaments appelés dépresseurs. Il existe différentes variétés de barbituriques, mais ils ont tous un effet sédatif et sont prescrits, sur le plan clinique, à des personnes ayant du mal à dormir ou souffrant d’anxiété. Les barbituriques se présentent sous la forme de comprimés ou de gélules, à prendre par voie orale, mais les personnes qui les consomment de façon illicite réduisent les médicaments en poudre, qu’ils ajoutent à un liquide pour se l’injecter en intraveineuse

La classification des différents barbituriques dépend principalement de la durée de leurs effets, le médicament étant divisé en trois principaux types: ultra court, moyen et long, les effets de certains barbituriques pouvant durer jusqu’à deux jours.

Pris régulièrement, les barbituriques peuvent provoquer une dépendance physique. Les personnes physiquement dépendantes peuvent également développer une forte dépendance psychologique. Une fois la dépendance physique installée, cesser brusquement de prendre le médicament peut entraîner un décès.

Les barbituriques sont tirés d’une substance chimique appelée acide barbiturique, synthétisée pour la première fois par Adolf von Baever en 1864 en condensant de l’urine animale avec du malonate de diéthyle (une substance présente dans le jus de pomme). En 1903, Emil Fischer, un chimiste, et Joseph von Mering, un médecin, ont découvert que le «barbital», comme on l’appelait alors, pouvait être utilisé pour euthanasier les chiens et le médicament a été commercialisé sous le nom de «Veronal».

Les barbituriques ont été de plus en plus utilisés comme sédatif chez l’homme au cours du XXe siècle. Durant la Seconde guerre mondiale, des barbituriques ont été prescrits aux soldats américains pour les aider à tolérer la chaleur et l’humidité oppressantes du Pacifique sud. Dans les années 1950 et 1960, il est devenu de plus en plus manifeste que ce médicament provoquait des troubles du comportement et des problèmes de dépendance. Les cas de décès dus à une overdose de barbituriques sont devenus plus fréquents, faisant des victimes célèbres comme Marilyn Monroe et Judy Garland.

Aux États-Unis, les barbituriques ont été encadrés par le 1965 Drug Abuse and Control Act, ce qui signifie que leur fabrication et leur distribution sont devenues strictement contrôlées et qu’ils ne peuvent être légalement obtenus que sur ordonnance.

Les barbituriques, autrefois couramment prescrits pour traiter l’insomnie et l’anxiété, sont devenus beaucoup moins utilisés dans ce contexte médical depuis les années 1970. Ils ont été remplacés par les benzodiazépines ou le diazépam (Valium).

AUTRES TYPES

Il existe de nombreux barbituriques différents, la principale différence résidant dans la durée des effets. Les médicaments classés comme barbituriques incluent l’amobarbital, le pentobarbital, le phénobarbital, le sécobarbital et le tuinal.

Ces barbituriques sont désignés par différents noms par ceux qui les prennent de manière illicite, en dehors de tout contexte clinique.

Les comprimés d’amobarbital peuvent être appelés «blues», «blue heavens», «bluebirds», «blue devils» ou «blue velvets».

Le pentobarbital peut être appelé «nembies», «yellows», «yellow jackets», «abbots» ou «Mexican yellows».

Les noms de rue du phénobarbital incluent «purple hearts» et «goofballs».

Le sécobarbital est appelé «reds», «red devils», «red birds», «sekkies», «lilly», «pinks», «pink ladies» et «F-40s».

Le tuinal est appelé «tooies», «F-66s», «double trouble», «rainbows», «gorilla pills» et «reds and blues».

Tous les barbituriques peuvent être rassemblés sous le terme de «calmants», car ils sont souvent utilisés pour contrer les effets de ce que l’on appelle les «stimulants» (comme les amphétamines ou la cocaïne). Ils sont également appelés «barbs», «dolls» et «sleepers».

PRINCIPAUX EFFETS

Les barbituriques ont pour effet d’améliorer et d’accroître l’activité de l’un des principaux neurotransmetteurs dans le cerveau appelé acide gamma-aminobutyrique (GABA). L’augmentation de cette substance chimique a un effet sédatif, qui va d’une relaxation modérée à un état d’inconscience, selon la dose administrée.

Une personne qui prend des barbituriques peut se sentir détendue et euphorique. Consommés à des fins récréatives, les barbituriques ont un effet similaire à l’état d’ébriété, faisant bafouiller, affectant la coordination et la capacité de jugement, désinhibant et entraînant une certaine confusion. À fortes doses, les barbituriques peuvent entraîner un arrêt respiratoire et la mort.

Les effets des barbituriques durent entre 4 et 16 heures, en fonction du type de barbiturique. Les barbituriques deviennent encore plus dangereux lorsqu’ils sont associés à d’autres dépresseurs comme l’alcool et le risque de décès est plus élevé.

Le risque de dépendance est plus élevé en cas de consommation régulière. Il peut s’agir d’une dépendance psychologique, d’un besoin physique ou des deux. Les consommateurs réguliers peuvent développer une tolérance au médicament, ce qui les pousse à en prendre toujours plus pour produire le même effet. À mesure que la durée de consommation augmente, la marge entre la dose provoquant l’effet souhaité et celle pouvant entraîner une overdose fatale se réduit, ce qui explique la fréquence des overdoses chez les personnes qui en prennent depuis longtemps.

La quantité de barbituriques pouvant entraîner une overdose varie d’une personne à l’autre, mais au-delà d’un gramme, la dose peut être fatale. Certains barbituriques ont une demi-vie longue, ce qui signifie qu’une overdose peut se produire même si de faibles quantités ont été prises sur une longue période.

Une consommation prolongée de barbituriques peut entraîner des problèmes respiratoires chroniques, des bronchites, des pneumonies, des troubles de la fonction sexuelle, un ralentissement des réflexes, une capacité d’attention limitée, des pertes de mémoire et un état d’ébriété permanent.

PAYS PRODUCTEURS

Les barbituriques sont produits légalement dans la majorité des pays industrialisés par des sociétés pharmaceutiques mondiales, bien que la production ait baissé durant la deuxième moitié du XXe siècle et au début du XXIe siècle, du fait que les barbituriques aient été remplacés par d’autres sédatifs et d’autres médicaments contre l’anxiété.

La production de barbituriques a considérablement augmenté aux États-Unis durant la première moitié du XXe siècle, où ce médicament était vendu sans ordonnance. En 1938, le Food, Drug and Cosmetic Act a commencé à réglementer la vente des barbituriques, prévoyant que les sociétés qui souhaitaient produire le médicament avaient besoin d’une autorisation gouvernementale.

Aux États-Unis, environ 300 tonnes de barbituriques sont produites légalement chaque année et on estime qu’environ une personne sur trois dans ce pays en possède dans son armoire à pharmacie. Environ 2500 types différents de barbituriques sont produits aux États-Unis, or seule une douzaine d’entre eux sont couramment utilisés. Les barbituriques les plus populaires sont prescrits comme somnifères, avec 19 millions d’ordonnances rédigées chaque année.

Les enquêtes fédérales sur l’approvisionnement illicite en barbituriques aux États-Unis ont montré que la majorité des barbituriques sont produits de manière légitime par des sociétés pharmaceutiques, expédiés au Mexique, puis réintroduits clandestinement dans le pays pour être vendus sur le marché noir.

Il semblerait que seule une petite partie des barbituriques qui circulent dans la rue soient produits de façon illégale. La plupart sont détournés de la production domestique légitime.

En ce qui concerne la production illicite, un rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants a révélé que 543 tonnes de barbituriques ont été produites en 2007, dont 447 étaient plus particulièrement du phénobarbital. Entre 2003 et 2007, à peine cinq des douze barbituriques encadrés par la réglementation internationale ont représenté 98,7% de la production mondiale. C’est le phénobarbital qui a été produit en plus grande quantité, avec 78% de la production totale. Viennent ensuite le butalbital, avec 8,6% de la production totale, puis le pentobarbital avec 6,9%, le barbital avec 3% et enfin l’amobarbital avec 2,6%.

En ce qui concerne les pays ayant fabriqué les barbituriques mentionnés ci-dessus, la plupart provenaient de Chine, qui est responsable d’exactement la moitié de tous les barbituriques produits de manière illicite dans le monde. Il a été estimé que l’Inde représentait 11% de la production mondiale illicite, suivie de la Russie avec 10%, des États-Unis avec 8% et du Danemark et de la Hongrie, tous deux avec 7%.

Le rapport de l’OICS de 2010, basé sur les données recueillies l’année précédente, a révélé que c’était en Bulgarie, en Lettonie et en Ukraine que la consommation de barbituriques était la plus élevée par habitant. En Bulgarie, entre 2007 et 2008, la consommation par habitant a bondi de 1,2% des adultes à 2,7%.

FAITS ET STATISTIQUES

FATS

Les barbituriques sont des médicaments produits légalement que l’on prescrivait autrefois couramment pour traiter l’anxiété, l’insomnie et la dépression. Ils sont consommés de manière récréative pour leurs effets euphorisants et relaxants et pour contrer les effets des stimulants. Les barbituriques entraînent une dépendance et sont très dangereux en raison de la façon dont ils restent dans l’organisme, provoquant une overdose à l’issue fatale, surtout chez les personnes qui en prennent régulièrement. Voici quelques faits supplémentaires concernant les barbituriques.

  • Les barbituriques sont utilisés en médecine humaine depuis 1903.
  • Les barbituriques sont devenus des somnifères populaires dans les années 1950 et 1960.
  • Les barbituriques ne peuvent être légalement obtenus que sur ordonnance.
  • La possession non autorisée de barbituriques est passible de cinq ans d’emprisonnement.
  • Les barbituriques sont des sédatifs qui, à petites doses, aident à se détendre et à être plus sociable.
  • À fortes doses, les barbituriques provoquent un effet similaire à l’état d’ébriété, faisant bafouiller, désinhibant et perturbant la coordination.
  • Il est facile de faire une overdose de barbituriques car la dose fatale n’est guère supérieure à une dose normale.
  • L’effet de certains barbituriques sur le cerveau perdure pendant deux jours.
  • Les overdoses mortelles de barbituriques sont plus fréquentes lorsque ceux-ci sont associés à d’autres dépresseurs comme l’alcool, les tranquillisants ou l’héroïne.
  • Une fois qu’une personne est devenue dépendante aux barbituriques suite à une consommation prolongée, le fait d’arrêter brutalement d’en prendre peut s’avérer mortel.
  • Les femmes enceintes transmettent les barbituriques à leur bébé, qui pourra lui aussi présenter des symptômes de manque à la naissance.
  • Les symptômes de manque chez les personnes prenant des barbituriques à petites doses incluent l’anxiété, l’insomnie et la nausée.
  • Avec des doses plus fortes ou une consommation prolongée, les symptômes de manque incluent des attaques, des hallucinations et des pensées suicidaires.

Le thiopental, un barbiturique commercialisé sous le nom de Pentothal, est utilisé à petites doses comme «sérum de vérité» durant les interrogatoires et, à des doses plus élevées, est l’un des trois médicaments utilisés dans les exécutions par «injection létale» aux États-Unis.

STATISTIQUES

  • En 1955, plus de 70% des admissions dans un centre pour consommation de substance à Copenhague, au Danemark, ont concerné des barbituriques.
  • Statistiquement, les barbituriques étaient principalement consommés par les classes moyennes et aisées dans les années 1950. Dans les années 1960, la consommation de barbituriques s’est étendue aux classes sociales inférieures.
  • En 1975, des inquiétudes face au nombre élevé de décès provoqués par une overdose de barbituriques ont poussé les médecins à mener une campagne pour avertir les gens des dangers de ces médicaments. Ils ont estimé qu’environ 27000 personnes avaient succombé à une overdose de barbituriques entre 1969 et 1974.
  • En 1977, les médecins américains ont rédigé environ 7,9 millions d’ordonnances pour le barbiturique Phénobarbital.
  • Entre 1983 et 1999, on a enregistré environ 146 overdoses fatales par million d’ordonnances de barbituriques.
  • En 2001, 2,8% des élèves de terminale américains ont déclaré avoir pris des barbituriques.
  • Aux États-Unis en 2010, les overdoses de phénobarbital ont entraîné 1493 admissions aux urgences. La même année, les barbituriques ont été responsables de 396 décès.
  • Aujourd’hui, les overdoses de barbituriques sont impliquées dans environ un tiers de tous les décès liés à la drogue.
  • Une dose mortelle de barbituriques va de 2-3 mg avec l’amobarbital et le pentobarbital à entre 6 et 10 g pour le phénobarbital.
  • On estime qu’il y a plus de 3000 décès par overdose de barbituriques chaque année aux États-Unis, 42% de ces décès étant classés comme des suicides et le reste comme accidentels, la victime ayant involontairement excédé la dose prescrite ou l’ayant mélangée à d’autres dépresseurs comme l’alcool.
  • Les barbituriques sont davantage prescrits à des femmes qu’à des hommes car elles sont statistiquement plus susceptibles de demander de l’aide pour un problème d’insomnie, d’anxiété et de dépression.
  • Les barbituriques sont également plus souvent prescrits aux personnes plus âgées qu’aux jeunes adultes

SIGNES DE DÉPENDANCE

Une personne ayant pris une dose de barbituriques pour le plaisir peut sembler euphorique, enjouée, bavarde et désinhibée. Elle peut aussi bafouiller, sembler manquer de coordination et peut quasiment avoir l’air ivre.

Une personne dépendante aux barbituriques peut paraître en permanence à moitié endormie et léthargique, dépourvue de coordination et peut souvent tomber. Elle peut montrer des signes de nervosité, une sensibilité au bruit et une agitation, présenter les symptômes physiques de l’insomnie, comme un teint blafard et les yeux rouges, et transpirer abondamment.

Une personne qui prend régulièrement des barbituriques peut sembler extrêmement détendue en permanence et ne manifester en apparence aucune anxiété. Elle peut également être sujette à des pertes de mémoire à court terme. On peut reconnaître une personne qui consomme des barbituriques à sa respiration superficielle et à l’absence d’expressions faciales.

Les femmes qui ont l’habitude de prendre des barbituriques ont souvent un cycle menstruel irrégulier. Chez les hommes, la consommation habituelle de barbituriques peut provoquer une impuissance.

Une personne dépendante aux barbituriques peut également montrer des symptômes de manque entre deux doses, ou lorsqu’elle n’est plus approvisionnée. Ces symptômes peuvent inclure une faiblesse, une anxiété, des tremblements, des tics, des douleurs abdominales, une sensibilité à la lumière, de la fièvre et une abondante transpiration. Ces effets sont en réalité très similaires à ceux provoqués par la prise de fortes doses de barbituriques

Une personne dépendante aux barbituriques qui cesse tout à coup d’en prendre peut convulser, perdre conscience et décéder.

Les personnes qui ont l’habitude de s’injecter des barbituriques en solution peuvent avoir des marques de piqûres d’aiguille sur certaines parties du corps comme les bras, les chevilles et l’arrière des genoux. On peut également observer des abcès chez les personnes qui s’injectent la drogue avec des aiguilles souillées.

TRAITEMENTS

Une personne ayant pris une forte dose de barbituriques doit être hospitalisée car bien qu’elle puisse simplement sembler ivre ou à moitié endormie, elle est susceptible de développer rapidement des symptômes plus graves.

On pourra lui faire boire du charbon liquide, qui a pour effet de lier les drogues entre elles dans l’estomac pour empêcher qu’elles ne soient absorbées dans la circulation sanguine. Un hôpital pourra également choisir de faire un lavage d’estomac au consommateur de barbituriques. Ces deux techniques ne sont cependant que partiellement efficaces, car elles se contentent d’enlever la quantité de drogue qui n’a pas encore été absorbée par l’organisme.

Une personne qui fait une overdose de barbituriques pourra avoir une respiration superficielle, voire même cesser de respirer, auquel cas un respirateur sera utilisé pour respirer à sa place tant que l’effet perdurera.

Une dialyse rénale peut aussi être réalisée pour tenter de «laver» la drogue du sang du consommateur.

Il est extrêmement dangereux pour une personne qui prend des barbituriques depuis longtemps d’arrêter d’un coup, ce qui peut entraîner un décès. Un médecin doit donc être consulté immédiatement afin d’aider le consommateur à se désintoxiquer et à se sevrer en toute sécurité.

Les symptômes du manque de barbituriques sont plus graves et plus douloureux que ceux associés à l’héroïne et s’ils ne sont pas traités, ils impliqueront au moins deux semaines de symptômes douloureux incluant des nausées, des vomissements, des crampes, des palpitations, des hallucinations, des convulsions et des attaques. Le stress causé à l’organisme par un manque non traité peut entraîner une insuffisance rénale, une insuffisance cardiaque et la mort.