Champignons hallucinogènes

TYPE PRINCIPAL

Le terme «champignons hallucinogènes» désigne plusieurs variétés de champignons sauvages, qui produisent des effets psychédéliques lorsqu’ils sont ingérés. Parce qu’ils sont hallucinogènes, ils engendrent différents effets psychédéliques et psychoactifs qui modifient les expériences et cognitions subjectives du consommateur.

Il existe plusieurs espèces de champignons produisant ces effets, dont la plupart (mais pas tous) appartiennent aux genres PsilocybeCopelandia et Panaeolus. Certains champignons du genre Amanitasont également réputés pour leurs propriétés psychédéliques, le plus courant étant Amanita Muscaria,aussi appelé amanite tue-mouches. Toutefois, leurs effets hallucinogènes sont produits par différentes substances chimiques actives.

Dans les champignons psilocybes, les substances actives sont la psilocybine et la psilocine. Quant aux amanites tue-mouches, leurs substances psychoactives sont principalement l’acide iboténique et le muscimole. Ces dernières sont généralement plus toxiques et peuvent procurer des effets extrêmement désagréables si elles sont consommées en grosse quantité. Elles sont donc moins utilisées que les champignons à psilocybine.

Les espèces de champignons consommées varient selon ce que l’on trouve au niveau local et régional. Deux des espèces les plus consommées dans les pays occidentaux sont le Psilocybe Semilanceata, couramment appelé «psilo», et le Psilocybe Cubensis.

Tous les champignons psilocybes produisent leurs effets hallucinogènes par les mêmes mécanismes, mais les niveaux de substances actives qu’ils contiennent varient beaucoup. En tant que drogue naturelle, il peut être très difficile de déterminer le dosage, puisque le contenu de chaque champignon est différent.

Les effets des champignons hallucinogènes sont assez similaires au LSD, mais le «trip» est soi-disant moins fort. Les effets exacts dépendent de la quantité prise et de la dose de substances actives présentes. Il peut s’agir d’euphorie, d’un développement et d’une modification des sens, d’hallucinations visuelles ou auditives, d’une intensification des émotions et d’autres distorsions cognitives.

Les champignons peuvent être mangés crus ou séchés, puis cuits avec d’autres aliments. Certaines personnes les utilisent aussi pour faire du thé.

Les substances actives des champignons psilocybes, la psilocybine et la psilocine, sont considérées comme des drogues du tableauI par la Convention des Nations Unies sur les substances psychotropes. Toutefois, dans la plupart des cas, ces champignons eux-mêmes ne sont pas historiquement illégaux, à part les préparations séchées. Par conséquent, ils sont librement et légalement accessibles à l’état sauvage et dans les «headshops» de nombreux pays.

Néanmoins, cette situation juridique a changé dans certains pays au cours de ces dix dernières années. Au Royaume-Uni, par exemple, la loi a changé en 2005: les champignons séchés et frais non préparés sont désormais considérés comme une drogue de classeA et leur vente ou leur possession est sévèrement punie.

AUTRES TYPES

Dans la rue, les champignons hallucinogènes sont couramment appelés champignons, champis, psilos, mushs ou champignons magiques.

Certaines espèces de champignons sont bien sûr connues pour leurs effets psychédéliques et ont chacune leur nom scientifique, tandis que quelques unes des variétés les plus courantes portent un nom argotique. Comme nous l’avons déjà mentionné, l’un des champignons hallucinogènes les plus consommés est le Psilocybe Semilanceata (psilo), mais il en existe beaucoup d’autres.

Les autres espèces courantes sont le Psilocybe Baeocystis et le Psilocybe Cubensis, mais il en existe beaucoup d’autres, qui poussent à l’état sauvage ou sont cultivés.

Tous les champignons qui contiennent de la psilocybine et de la psilocine sont illégaux au Royaume-Uni et dans d’autres pays. En revanche, l’Amanita Muscaria (amanite tue-mouches) n’est pas illégale au Royaume-Uni et reste non réglementée dans d’autres pays, puisqu’elle contient différente substances actives.

PRINCIPAUX EFFETS

Les champignons hallucinogènes, comme l’indique leur nom, induisent une expérience psychédélique, au cours de laquelle les utilisateurs voient leurs perceptions sensorielles déformées et sont sujets à des hallucinations. Comme pour le LSD, on appelle cela un «trip» et les effets exacts varient beaucoup d’une personne à une autre.

Certains affirment que les champignons leur ont procuré une expérience positive, heureuse, voire spirituelle, alors que d’autres racontent avoir vécu un «bad trip» et s’être retrouvés plongés dans un monde de visions cauchemardesques, de panique et d’anxiété. Il est impossible de prévoir si un trip sera «bon» ou «mauvais» et, une fois commencé, le consommateur n’aura pas d’autre choix que de laisser les choses se passer. En général, les effets des champignons hallucinogènes apparaissent environ une demi-heure après la consommation et peuvent durer entre 3 et 6heures.

Outre les hallucinations désagréables du «bad trip», les utilisateurs peuvent ressentir un inconfort physique lié à l’ingestion des champignons, notamment des nausées, des vomissements et des crampes d’estomac douloureuses.

Cependant, le risque de loin le plus important est la consommation accidentelle d’espèces vénéneuses, voire mortelles. La cueillette de champignons sauvages mal identifiés est un vrai risque, puisqu’elle a déjà entraîné un certain nombre de décès.

La déformation des perceptions et les pensées délirantes liées à la prise de champignons hallucinogènes ont également causé des décès accidentels.

PAYS PRODUCTEURS

Les champignons hallucinogènes consommés à des fins récréatives proviennent de différentes sources.

D’abord, on les trouve à l’état sauvage partout dans le monde, mais généralement en relativement petites quantités. Ils sont souvent ramassés par les consommateurs locaux qui recherchent activement les espèces contenant les composés psychoactifs appelés psilocybine et psilocine. L’identification des champignons est loin d’être facile et peut-être particulièrement risquée. Il arrive souvent que les consommateurs cueillent par erreur des champignons vénéneux, ce qui entraîne une maladie grave, des blessures, voire la mort.

Seul un petit nombre d’espèces sont de nature psychédélique et certaines d’entre elles ressemblent beaucoup à des champignons inertes ou vénéneux.

Avant le durcissement de la législation antidrogue relative à la vente et à la possession de champignons frais non préparés, de grandes champignonnières étaient exploitées ouvertement dans certains pays tels que les Pays-Bas. Mais avec la criminalisation des champignons frais aux Pays-Bas et dans d’autres pays, la production est devenue clandestine. On en sait peu sur l’ampleur ou les détails de la culture actuelle des champignons, sauf par les descentes de police ayant occasionnellement lieu chez les producteurs.

En général, les champignons sont cultivés en intérieur par de petits producteurs indépendants, mais il existe également des exploitations à plus grande échelle. La culture de champignons hallucinogènes est relativement simple et ne requiert que des connaissances basiques. Elle est donc souvent entreprise par les utilisateurs pour leur consommation personnelle. Cette culture implique de se procurer les spores des espèces voulues et la légalité de l’achat ou de la possession de ces spores reste floue: techniquement, elles ne contiennent pas les substances actives illicites, mais dès lors qu’elles sont cultivées, elles sont illégales dans de nombreux pays.

FAITS ET STATISTIQUES

FAITS

  • Les champignons hallucinogènes génèrent des expériences psychédéliques subjectives, similaires à celles déclenchées par le LSD.
  • Il existe plus de 14000espèces de champignons connues sur la planète et seule une toute petite fraction d’entre elles sont psychédéliques. Un grand nombre de ces champignons ne procurent aucun effet, tandis que d’autres sont extrêmement vénéneux et mortels en cas d’ingestion.
  • Les champignons psychoactifs sont utilisés par les cultures du monde entier depuis des milliers d’années, principalement lors des cérémonies religieuses et culturelles. En Occident, on leur prête beaucoup d’attention depuis les années 1960 comme «alternative naturelle» au LSD synthétique (acide).
  • Les différentes variétés de champignons psilocybes sont les plus couramment consommées. Elles contiennent naturellement les substances psychédéliques appelées psilocybine et psilocine. Ces substances chimiques sont responsables des effets hallucinogènes des champignons et sont interdites par les lois nationales et internationales.
  • Les trips dus aux champignons hallucinogènes peuvent entraîner une distorsion des sens tels que la vue, l’odorat, l’ouïe et le toucher. Ils peuvent également générer des hallucinations visuelles et auditives.
  • Un trip peut être «bon» ou «mauvais» et dure généralement entre 3 et 6heures. Il est impossible de prévoir si un trip sera bon ou mauvais et ce dernier peut être particulièrement traumatisant pour l’utilisateur.
  • La possession, la vente ou la consommation de champignons hallucinogènes est illégale dans la plupart des pays. Au Royaume-Uni, les champignons à psilocybine sont considérés comme une drogue de classeA, qu’ils soient frais, séchées ou préparés. La possession de ces champignons est passible de sept ans de prison, tandis que leur distribution est passible d’une peine de prison à vie.

STATISTIQUES

  • Les drogues hallucinogènes sont les moins fréquentes dans les centres de désintoxication d’Europe occidentale et centrale (à peine 0,3 % des demandes de traitement), selon l’ONUDC.
  • En 2011, une étude sur la criminalité britannique a montré que la consommation de champignons hallucinogènes chez les 15-59ans avait baissé depuis 1996 (consommation reconnue par les utilisateurs au cours de l’année précédente).
  • Toutefois, cette même étude montre qu’en 2010/11, 7,2% des Anglais et Gallois âgés de 16 à 59ans admettaient avoir déjà pris des champignons hallucinogènes, contre 5,3% en 1996.
  • Cette étude montre que 0,1% de la population admet avoir consommé des champignons hallucinogènes au cours du moins précédent l’étude, des statistiques inchangées en 15ans.
  • Ce chiffre était beaucoup plus élevé chez les 16-24ans, à 0,3%.
  • Le ministère de la Justice américain estime que les champignons hallucinogènes sont composés, en moyenne, de 0,2 à 0,4% de psilocybine et d’une quantité infirme de l’autre substance psychoactive, la psilocine.
  • En général, les effets des champignons hallucinogènes apparaissent au bout de 20 à 30minutes. Ces effets peuvent durer trois à six heures en moyenne. La durée et l’intensité des effets dépendent beaucoup de la variété de champignon, de la quantité ingérée et de la physiologie de l’individu.
  • La vente ou la possession de champignons frais est devenue illégale au Royaume-Uni en juillet 2005 (drogue de classeA). Avant cette date, la vente ou la possession de champignons frais non préparés était légale, contrairement aux préparations séchées.

SIGNES DE DÉPENDANCE

Les champignons hallucinogènes ne sont pas réputés aussi addictifs que d’autres drogues illégales et ils génèrent peu d’effets de manque, voire aucun. Malgré l’absence de dépendance physique, certaines personnes peuvent en abuser régulièrement afin de retrouver l’expérience psychédélique «trippante» qu’ils procurent. Certains décrivent ces expériences en des termes transcendantaux et spirituels.

Comme avec le LSD, un individu peut, après une longue consommation, développer une tolérance à cette drogue et avoir besoin de plus en plus de champignons pour obtenir le même effet. Les effets à long terme d’une consommation massive ont fait l’objet de peu de recherches, ce qui fait que les conséquences psychologiques et physiologiques sont imprévisibles.

En outre, si pour de nombreuses personnes, la consommation de champignons hallucinogènes n’est qu’une expérience ponctuelle, elle peut devenir pour certains un moyen d’échapper à leur vie et à la réalité du quotidien. Ces champignons peuvent donc avoir des conséquences néfastes évidentes sur leur aptitude à affronter la vie quotidienne et leur faire perdre contact avec la réalité. Les consommateurs peuvent également souffrir de «flashbacks hallucinatoires», même lorsqu’ils ne sont pas sous l’influence des champignons.

Les signes extérieurs d’une addiction aux champignons hallucinogènes sont notamment un comportement inhabituel, une attitude bizarre à l’égard de la vie et du quotidien, de la paranoïa et des délires. Un «trip» se remarque facilement puisque la personne souffrira d’une distorsion de ses sens cognitifs et pourra réagir à des choses qui n’existent pas.

De plus, on pourra trouver des champignons frais ou séchés dans ses affaires. Si le consommateur ramasse lui-même ses champignons, il possèdera peut-être des livres permettant de les identifier ou, s’il essaye d’en cultiver, des «kits de culture» ou tout autre matériel.

TRAITEMENTS

Les champignons hallucinogènes ne sont pas réputés addictifs, au sens où ils ne créent pas de dépendance physique aux substances actives qu’ils contiennent. On sait qu’ils n’engendrent pas non plus un fort manque psychologique, comme c’est le cas avec la plupart des autres drogues de classeA (Royaume-Uni), telles que l’héroïne et la cocaïne. Enfin, aucun effet de manque n’a été recensé.

Toutefois, les effets psychédéliques des champignons peuvent être très perturbants pour certains individus, à la fois sur le plan mental et émotionnel. Ils peuvent conduire à des comportements dangereux sous hallucinations, sans compter les dangers inhérents à la consommation de champignons sauvages. Chez les personnes ayant des antécédents de troubles mentaux ou une maladie psychologique latente, la consommation de champignons hallucinogènes peut déclencher ou empirer ces pathologies.

L’addiction des gros consommateurs peut être traitée de différentes façons. Parce qu’elle ne crée pas de dépendance chimique sur le cerveau ou le corps, la consommation de champignons hallucinogènes peut cesser immédiatement, sans aucun effet secondaire majeur.

Néanmoins, l’aspect psychologique de la relation à la drogue peut être plus difficile à traiter et nécessitera peut-être différentes formes de conseil et de thérapie.

Comme d’autres drogues hallucinogènes, ces champignons entraînent chez certaines personnes une envie particulièrement forte de retrouver l’état psychédélique dans lequel les substances actives les ont déjà plongées.

Des traitements tels qu’une thérapie cognitive comportementale (TCC) et des conseils professionnels peuvent les aider à se connecter au monde et à leur vie, sans dépendre d’une substance psychédélique potentiellement nocive.

Même si, dans la plupart des cas, ce n’est pas nécessaire, un séjour prolongé en centre de désintoxication peut aider certains consommateurs à ne plus toucher aux champignons hallucinogènes. En plus d’éviter une rechute, cet environnement «sain» et source de soutien peut être rassurant pour l’individu qui essaye de s’en sortir.

S’il le consommateur a pris des champignons hallucinogènes pendant longtemps, il aura peut-être besoin de conseils professionnels et d’un soutien psychologique et émotionnel pour se réhabituer à la vie sans drogues psychédéliques. Outre les traitements spécifiquement axés sur leurs expériences avec les champignons, les consommateurs pourront aussi bénéficier de traitements plus généralisés contre l’addiction. Le but est de mettre fin aux comportements et agissements destructeurs récurrents, qui ramènent toujours l’individu à la drogue.

Ces thérapies l’aideront à ne plus prendre de champignons, tout en veillant à ce qu’il ne remplace pas une addiction par une autre.

La consommation de champignons hallucinogènes s’accompagne parfois d’autres addictions à des drogues légales ou illégales. Dans ce cas, une consultation avec un professionnel de la désintoxication expérimenté sera peut-être nécessaire pour planifier une stratégie de gestion du schéma addictif dans son ensemble. Un programme de traitement approprié pourra ensuite commencer afin de s’attaquer aux addictions séparément et d’un point de vue global.