Kava

TYPE PRINCIPAL

Le kava-kava, ou simplement kava, est une substance végétale légèrement sédative tirée de la plante du même nom (nom scientifique: Piper Methysticum). Il s’agit d’une plante originaire de plusieurs îles de l’ouest du Pacifique, dont le Vanuatu, Hawaï, la Micronésie, les Fidji et les Samoa. Dans ces cultures insulaires, le kava-kava est utilisé depuis plusieurs milliers d’années comme boisson de cérémonie et comme substance sociale, relaxante et antidépressive.

Plus récemment, des extraits de la plante ont été importés dans les pays occidentaux, puis conditionnés et vendus comme remède végétal, voire comme «drogue légale».

Traditionnellement, la racine de kava-kava est broyée et pilonnée avant d’être mélangée à de l’eau, filtrée puis bue. Cette préparation serait source de relaxation, de clarté d’esprit, de légère euphorie et de plus grande sociabilité. C’est à cause de ce dernier effet que certains ont comparé l’utilisation du kava-kava à la consommation d’alcool.

Ces effets sont attribués aux substances chimiques contenues en grande quantité dans la racine de la plante, les kavalactones.

En Occident, le kava-kava se présente généralement sous forme de pilules, de capsules et de poudres à mélanger avec de l’eau pour obtenir une boisson végétale. Auparavant, on le trouvait également dans certaines boissons sans alcool. Le kava-kava a été présenté comme une solution naturelle contre le stress, l’anxiété et l’insomnie et pour le bien-être en général.

Dans les années 1990, les produits contenant du kava-kava ont gagné en popularité en Europe, en Amérique du Nord et dans le reste du monde. À cette époque, ils étaient régulièrement disponibles dans les magasins de diététique, en ligne et ailleurs.

En 2002, le kava-kava a été retiré du marché et interdit dans de nombreux pays après que plusieurs études l’ont associé à des lésions hépatiques et même plusieurs décès dus à des défaillances du foie.

Toutefois, les lois relatives à son interdiction restent floues dans de nombreux cas, ce qui permet à certains de continuer à l’utiliser. Au Royaume-Uni, par exemple, les produits alimentaires et médicinaux contenant du kava-kava ont été interdits à la vente en janvier 2003 par la Food Standards Agency et la Medicines and Healthcare Products Regulatory Agency. En revanche, la possession du produit n’est pas illégale, ni sa vente et son importation pour une utilisation autre qu’alimentaire ou médicinale.

Certains défenseurs du kava-kava affirment que ses effets néfastes sur le foie sont dus au fait que les sociétés pharmaceutiques occidentales ont utilisé la tige et les feuilles de la plante dans leurs produits alors que les insulaires du Pacifique n’utilisaient traditionnellement que la racine. Cependant, aucune étude n’a été suffisamment contrôlée pour attester l’une ou l’autre des hypothèses et les lois relatives à sa vente restent donc globalement inchangées.

AUTRES TYPES

Dans sa version traditionnelle comme boisson de cérémonie, le kava-kava porte différents noms selon les îles où il est utilisé, kava étant le nom donné par les habitants des Îles Tonga. Aux Fidji, à Hawaï et dans les Samoa, il est respectivement appelé yaqona, awa et ava. Aux Fidji, on l’appelle également grog.

Le nom scientifique de la plante est Piper Methysticum, ce qui se traduit grossièrement par «poivre enivrant».

Sous sa forme occidentalisée, un remède végétal, il a été vendu sous différentes marques et dénominations (incluant généralement le terme kava-kava ou kava), comme variété spécifique (ex: Kava Melomelo) et comme racine de kava-kava. On l’a également vendu comme boisson gazeuse sous le nom de Lava Cola et Kava Cola.

Parmi les variétés spécifiques de kava figurent le Borugu, le Sese et le Tudei. Cette dernière variété est particulièrement puissante. Elle est cultivée au Vanuatu et son exportation du pays est interdite.

PRINCIPAUX EFFETS

Le kava est surtout utilisé comme sédatif et, à dose suffisamment élevée, il engendre de la somnolence et un profond sommeil. À plus faible dose, comme c’est souvent le cas, il favoriserait le calme et la relaxation. On dit également qu’il décontracte les muscles.

Par ailleurs, le kava a des propriétés anesthésiantes avérées: pendant son utilisation, la personne peut ressentir un engourdissement au niveau de l’estomac ou de la bouche, ce qui peut générer des nausées.

Chez les gros consommateurs, on sait que le kava-kava a un certain nombre d’effets néfastes visibles, notamment un dessèchement de la peau, des rougeurs et les yeux injectés de sang en permanence.

Selon certains chercheurs australiens, où la consommation du kava-kava pose particulièrement problème chez les aborigènes (qui ne font pas partie des utilisateurs traditionnels de la boisson), les principaux effets secondaires d’une utilisation à long terme sont des douleurs à la poitrine, des spasmes musculaires, une perte de poids et de l’hypertension.

Cependant, l’effet néfaste le plus grave que l’on connaisse reste les lésions hépatiques, ce qui a motivé son interdiction dans de nombreux pays occidentaux à partir de 2002. Cet effet concerne spécifiquement les produits manufacturés contenant la substance et il n’a pas été signalé par les utilisateurs traditionnels du Pacifique.

On a recensé environ 70cas de lésions hépatiques dans le monde et plusieurs décès dus à des défaillances hépatique en lien avec cette substance. Toutefois, des recherches plus poussées sont nécessaires pour déterminer si le kava est le seul responsable ou si ces incidents sont dus à l’utilisation inappropriée des tiges et des feuilles dans les produits manufacturés.

PAYS PRODUCTEURS

La plante appelée kava-kava (Piper Methysticum), dont la drogue est tirée, est originaire de plusieurs îles de l’ouest du Pacifique. Il s’agit notamment du Vanuatu, des Tonga, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, d’Hawaï, des Fidji, de la Micronésie et des Samoa, qui restent les plus gros producteurs mondiaux de la plante. Le Vanuatu est de loin le premier et on estime qu’il compterait plus de 80variétés de la plante. De nombreuses variétés, ou cultivars, du kava-kava ont été produites par culture sélective.

On pense que la plante est cultivée, préparée et consommée par ces cultures depuis plusieurs milliers d’années et qu’elle est profondément ancrée dans leurs pratiques sociales et religieuses. Ses noms sont très variés selon les langues et les sociétés du Pacifique.

La plante elle-même est verte et feuillue et fait partie de la famille du poivre. Elle peut atteindre jusqu’à 3,5mètres de hauteur mais elle est généralement plus petite, entre 1 et 3mètres. Le kava-kava se distingue par ses feuilles en forme de cœur et fleurit régulièrement, mais ses fleurs sont généralement stériles et la plante a besoin de l’intervention humaine pour se reproduire. Pour cultiver de nouveaux plants, il faut réaliser une bouture de la plante et la replanter dans un sol humide.

Le kava-kava peut vivre pendant plusieurs décennies mais il est généralement récolté au bout de quatre ans, car il est assez puissant pour être consommé. Toutefois, en raison de l’orientation commerciale de la production pour les marchés occidentaux, les plantes sont récoltées de plus en plus jeunes.

Traditionnellement, seules les racines de kava sont utilisées pour préparer la drogue appelée kava-kava, tandis que les tiges, les feuilles et les autres parties de la plante sont jetées. Toutefois, certains affirment que des fabricants de compléments végétaux basés en Europe et en Amérique du Nord ont importé et utilisé les tiges et les feuilles dans leurs préparations commerciales du produit sous forme de pilules et de poudre. Il s’agirait de la principale cause des réactions toxiques ayant endommagé le foie de certains utilisateurs de ces compléments et donc de l’interdiction du kava-kava pour la consommation humaine dans certains pays.

Parce que le kava-kava exige un climat tropical et un type de sol bien particuliers, sa culture n’est pas possible dans d’autres parties du monde. Par conséquent, tous les producteurs commerciaux de produits à base de kava dépendent des îles de l’ouest du Pacifique pour leur préparation. Dans les années 1990, la production de la plante est montée en flèche dans beaucoup de ces îles en réponse à la forte demande des pays industrialisés. Au plus fort de sa production, on estime que 10000hectares de terres de la région ont été utilisés pour cultiver le kava-kava. Ces cultivateurs ont ensuite été sévèrement touchés par l’interdiction de la substance dans certains pays, mais la production commerciale et l’exportation se poursuivent.

Une fois que la plante est récoltée, les racines volumineuses sont retirées et les autres parties sont traditionnellement jetées. Ces racines sont ensuite hachées, nettoyées et broyées pour obtenir une sorte de pulpe.

Pour la production commerciale, cette pulpe est ensuite transformée en poudre sèche ou congelée en vue de son exportation et d’une transformation ultérieure.

Sur son lieu de destination, la préparation sera mélangée avec de l’eau et malaxée afin de libérer les substances chimiques actives de la plante, les kavalactones.

La poudre de racine broyée peut être achetée par les utilisateurs et préparée à la maison sous forme de boisson, mais elle se présente déjà souvent sous forme de pilule ou d’aliment. Même si de nombreux pays ont interdit sa vente, le kava-kava reste accessible sur Internet et il n’est pas réglementé dans certains pays.

En février 2011, des scientifiques australiens, allemands et vanuatais ont proposé un cadre de production et d’utilisation «sûre» du kava-kava afin de faciliter la levée des restrictions sur les produits dans les pays où il et actuellement interdit et de normaliser l’approvisionnement en matières premières. Ce cadre proposait six grands points pour la production du kava, notamment l’utilisation de plantes d’au moins cinq ans, l’emploi exclusif de la racine de la plante, des recommandations sur les doses, un processus qualité ainsi que des essais et recherches cliniques approfondis sur les humains.

La kava est toujours produit et consommé dans les îles du Pacifique Sud, mais son interdiction par des pays tels que le Royaume-Uni, le Canada et l’Union européenne ont limité son utilisation mondiale en phytothérapie. Néanmoins, cette substance n’étant pas réglementée ou illégale comme des drogues telles que le cannabis, elle peut toujours être achetée par les utilisateurs, même dans les pays où elle est interdite.

FAITS ET STATISTIQUES

FAITS

  • Le kava-kava est tiré de la plante du même nom, qui est cultivée dans de nombreuses îles de l’Océan Pacifique.
  • Sous sa forme traditionnelle, elle est utilisée à des fins cérémonielles et sociales depuis des milliers d’années.
  • Dans les années 1980 et 1990, le kava-kava a gagné en popularité dans les pays occidentaux comme ingrédient végétal pour des compléments alimentaires naturels, ce qui a fait augmenter la production et l’exportation de la plante et des produits en contenant.
  • Le kava-kava serait source de relaxation et de clarté d’esprit et aurait, à plus haute dose, un puissant effet sédatif. C’est ce qui a conduit à son utilisation pour soulager l’anxiété et le stress.
  • Jusqu’alors disponible en vente libre dans les magasins de diététique de nombreux pays, il a été interdit à la vente dans certains pays après avoir été associé à des lésions hépatiques et un certain nombre de défaillances du foie. Les défenseurs de la plante affirment que cela est dû au fait que les tiges et les feuilles ont été utilisées dans des préparations manufacturées, alors qu’on n’utilise traditionnellement que la racine.
  • Au Royaume-Uni, le kava-kava a été interdit dans les aliments par la Food Standards Agency début 2003, en vertu des Kava Kava in Food Regulations 2002. Parallèlement, la Medicines for Human Use (Kava Kava) Probition Order 2002 a interdit sa vente comme médicament. Au Pays de Galles, l’interdiction du kava a été levée en 2004 mais elle reste en vigueur dans le reste du Royaume-Uni.
  • Au Canada, les produits à base de kava-kava font l’objet d’une ordonnance d’arrêt de vente par Santé Canada.
  • Aux États-Unis, le kava-kava est légal et n’est soumis à aucune restriction.
  • En Australie, le kava est légal mais son importation est réglementée.
  • Il est interdit dans certains pays du continent européen comme la France et la Hollande, mais pas dans d’autres.

STATISTIQUES

  • Le kava-kava est utilisé par les cultures insulaires du Pacifique depuis environ 3000ans.
  • Traditionnellement, les plants de kava sont récoltés au bout de quatre ans.
  • En Papouasie-Nouvelle-Guinée, la plante porte près de 40noms différents et plus de 30 au Vanuatu.
  • La Food Standards Agency britannique déclare avoir répertorié 110cas de lésions hépatiques graves, appelées hépatotoxicité, dans le monde «pouvant» être dues au kava-kava. 11 des personnes concernées ont dû subir une greffe du foie et 9 sont décédées.
  • Les boissons traditionnelles au kava contiennent en moyenne 250mg de kavalactones actives, qui produisent les effets de la substance. Dans les remèdes végétaux occidentaux, le contenu des pilules est généralement inférieur à 150mg et peut descendre jusqu’à 50mg.
  • La racine de la plante est réputée contenir 19types de kavalactones différents. Six d’entre eux ont d’importants effets sur le corps.
  • Pour les préparations à boire, les effets du kava apparaissent généralement au bout d’une demi-heure et peuvent durer entre 2 et 3heures.
  • Les voyageurs de plus de 18ans sont autorisés à rapporter jusqu’à 2kg de kava-kava en Australie. Il est interdit de l’importer commercialement sans raison scientifique ou médicale valable.
  • Le kava est très utilisé par certaines populations aborigènes d’Australie. Dans la région appelée terre d’Arnhem, une étude a montré que 46% des hommes utilisaient cette substance.
  • À Hawaï, la production commerciale de kava-kava a chuté de 58% entre 2002 et 2003, suite à la controverse internationale sur les risques de lésions hépatiques et l’interdiction des produits à base de kava dans certains pays.

SIGNES DE DÉPENDANCE

Le kava-kava n’est pas réputé créer d’addiction physique ou chimique. En effet, si un consommateur régulier arrête d’en prendre, il ne ressentira pas d’effets de manque.

Toutefois, on estime que le kava-kava pourrait créer une dépendance psychologique et émotionnelle chez les utilisateurs. Cela s’explique par son effet de détente et de sociabilité, que les utilisateurs pourraient constamment vouloir retrouver en consommant la substance. Le kava peut également devenir un «soutien» dans les situations de stress et d’anxiété. Comme beaucoup de drogues, une consommation excessive peut être néfaste pour la santé.

Différents symptômes et signes visibles ont été observés chez les personnes le consommant régulièrement et à haute dose. L’un de ces signes les plus notables est une peau sèche et desquamée, qui peut même sembler peler. De plus, le consommateur de kava peut avoir les yeux injectés de sang et paraître émacié et sous-alimenté. Ces effets disparaissent généralement après l’arrêt de la substance. On a suggéré que certains de ces effets pourraient être dus à un déficit en vitamines causé par une consommation massive, mais il existe peu d’études dans ce domaine.

On a également constaté un jaunissement de la peau chez les consommateurs qui, en réalité, souffraient de lésions hépatiques, peut-être à cause de préparations commerciales inappropriées.

Enfin, certains ont émis l’hypothèse que la consommation simultanée de substances telles que de l’alcool et des médicaments sur ordonnance pouvait engendrer une réaction avec le kava-kava, expliquant les effets néfastes sur le foie.

TRAITEMENTS

Le kava-kava n’étant pas addictif au sens chimique du terme, il ne nécessite pas de traitement avec des substituts particuliers ni de surveillance du rétablissement. À l’époque de sa commercialisation massive en Europe et en Amérique du Nord avant 2003, il était globalement considéré comme un remède végétal «non addictif» et était même recommandé comme alternative à certaines drogues addictives telles que l’alcool.

Cependant, comme toute substance, le consommateur peut très bien développer une dépendance émotionnelle et psychologique au kava-kava. Toutefois, les études traditionnelles sont rares à ce sujet et il n’existe donc aucune méthode de traitement spécifique pour les gros consommateurs. Même si la plante et ses dérivés sont utilisés par les cultures insulaires du Pacifique depuis des milliers d’années, il s’agit d’une substance relativement nouvelle pour la science et la culture occidentales.

Les personnes qui ont peur de ne plus contrôler leurs habitudes de consommation ou leur comportement face au kava, ou celles qui s’inquiètent pour leur famille ou leurs amis, peuvent consulter des professionnels de la désintoxication qui leur donneront des conseils généraux et un traitement contre l’addiction.

Si le kava-kava est utilisé contre le stress, la tension nerveuse, l’anxiété sociale ou un problème similaire (son utilisation fréquente en Occident), la solution peut être d’opter pour une autre méthode ou un autre traitement contre cet état. Certains consulteront un docteur, qui pourra leur prescrire des médicaments tels que des antidépresseurs, et d’autres préfèreront peut-être une solution thérapeutique leur apprenant de nouvelles stratégies de gestion et de relaxation ne recourant pas à ces substances. La thérapie cognitive comportementale (TCC) est une option à envisager.

En ce qui concerne la dépendance psychologique à l’absorption d’une boisson ou autre préparation au kava, la personne concernée peut essayer de remplacer ce rituel par quelque chose d’autre, par exemple un thé apaisant, pour recréer l’acte.

Mais rappelons encore une fois que l’arrêt du kava-kava après une longue période de consommation massive n’est pas réputé engendrer des effets de manque particuliers. Les consommateurs réguliers peuvent néanmoins développer une dépendance psychologique, comme avec d’autres substances psychoactives et antidépressives.

Notons que certaines études montrent que le kava-kava peut être utile contre l’addiction à des drogues plus graves et à des substances légales consommées régulièrement, comme l’alcool et les cigarettes. Les effets du kava-kava pourraient atténuer les symptômes de manque provoqués par les drogues chimiquement addictives et le désir insatiable allant de pair. Cependant, les recherches ont ralenti depuis l’interdiction du kava dans plusieurs pays et aucun résultat concluant n’a été publié pour soutenir cette utilisation.

Dans certaines communautés aborigènes d’Australie, le kava-kava a été introduit dans les années 1980 dans l’espoir de calmer les abus d’alcool destructeurs dont souffrent ces régions pauvres. Toutefois, on découvert plus tard qu’il était devenu source d’abus lui-aussi, entrainant un certain nombre de problèmes de santé.