Methadone

TYPE PRINCIPAL

La méthadone est un narcotique et un opioïde synthétique, c’est-à-dire une drogue qui agit sur les récepteurs d’opioïdes du cerveau et des autres parties du système nerveux central.

La méthadone est produite légalement et a un certain nombre d’utilisations médicinales et thérapeutiques légitimes. Elle est peut-être mieux connue comme substitut légal de l’héroïne utilisé pour soigner les toxicomanes, mais elle sert aussi d’analgésique pour les patients souffrant de douleurs chroniques.

D’un point de vue chimique, elle n’est pas identique à l’héroïne, mais elle a beaucoup d’effets similaires et peut être utilisée pour prévenir les symptômes les plus graves du sevrage à l’héroïne. En effet, elle agit sur les mêmes récepteurs d’opioïdes du cerveau mais ne crée pas le même effet «planant» que l’héroïne.

Les opioïdes agissent en se fixant aux récepteurs d’opioïdes du cerveau et d’autres parties du système nerveux central. Cela empêche les signaux de douleur d’atteindre le cerveau et induit un état d’euphorie. Toutefois, les opioïdes peuvent être très addictifs, aussi bien sur le plan physique que psychologique. D’un point de vue physique, l’organisme a un grand besoin de la substance à laquelle il s’est habitué. D’un point de vue psychologique, l’individu peut s’habituer à prendre la substance et avoir très envie de retrouver les sensations qu’elle procure.

Utilisée comme substitut d’héroïne, la méthadone peut aider un toxicomane à s’en sortir progressivement. Elle lui évite de ressentir les effets néfastes les plus intenses du sevrage à l’héroïne, sous le contrôle strict d’un docteur ou d’une clinique qui aidera le patient à réduire progressivement sa dose en toute sécurité.

La méthadone est fabriquée légalement mais elle étroitement contrôlée. Il s’agit généralement d’un liquide de couleur verte, qui se prend oralement mais peut aussi être ingéré sous forme de comprimé ou injecté. Outre le traitement de l’addiction à l’héroïne, la méthadone est prescrite aux patients souffrant de douleurs chroniques dans certains pays.

Néanmoins, on la retrouve aussi sur le marché noir et peut être consommée par des individus n’ayant pas de prescription. La possession ou la vente de méthadone en dehors des circuits officiels et agréés est strictement illégale dans de nombreux pays. Au Royaume-Uni, il s’agit d’une drogue de classeA, dont la possession est passible de sept ans de prison et la vente d’un emprisonnement à vie. Aux États-Unis, la méthadone fait partie du tableauII et sa possession est illégale sans prescription.

AUTRES TYPES

La méthadone est produite légalement pour un usage pharmaceutique par plusieurs sociétés et existe donc sous différentes marques, notamment: Dolophine, Amidone, Methadose et Heptadon.

Quant à la «méthadone de rue», qui est distribuée et consommée illégalement, elle porte différents noms argotiques: dollies, juice, fizzies, done et meth (à ne pas confondre avec le «crystal meth»).

La méthadone de rue est particulièrement dangereuse car il est souvent impossible de déterminer son niveau de pureté. Parfois, les héroïnomanes qui suivent un programme de désintoxication sous méthadone vendent une partie de leur stock ou les trafiquants s’approvisionnent illégalement. Afin que la vente soit plus rentable, ils diluent souvent la substance dans de l’eau ou du jus de fruits.

En outre, la méthadone peut être associée à d’autres drogues illégales, comme de la MDMA (ecstasy). Dans la rue, cette combinaison spéciale est appelée «chocolate chip cookies».

PRINCIPAUX EFFETS

Dans le cadre d’un programme de désintoxication légitime, la prise de méthadone fait l’objet d’une surveillance et d’une régulation attentives afin d’obtenir des effets spécifiques. Dans ces circonstances, les principaux effets de la drogue sont une annulation des symptômes de manque dus à un sevrage à l’héroïne ainsi qu’une sensation de détachement et de relaxation.

Si l’utilisation de la méthadone est étroitement surveillée et contrôlée par les praticiens, c’est surtout parce qu’elle est très addictive. Même si la drogue ne procure pas l’euphorie intense de l’héroïne, elle crée un état d’esprit et des sensations physiques attrayants sur le plan psychologique. De plus, une dépendance chimique peut se développer comme avec beaucoup d’autres opioïdes. La tolérance augmente également, ce qui oblige l’utilisateur à prendre des doses plus importantes pour obtenir les mêmes effets.

Sans une surveillance médicale appropriée, la méthadone présente un risque élevé d’abus et de conséquences dangereuses.

En raison de la tolérance qui se développe lors de la prise de méthadone, une personne qui prend la dose de quelqu’un d’autre encourt un risque d’overdose. Ce problème est aggravé par l’impossibilité de connaître la puissance de la méthadone de rue et le manque de connaissance sur les effets et les quantités de la drogue.

Une overdose de méthadone est très dangereuse et peut être fatale. Les symptômes sont notamment des difficultés respiratoires, un bleuissement des extrémités, une crise d’épilepsie et des nausées. Le non-traitement d’une overdose massive peut entraîner un coma et une insuffisance respiratoire.

À court terme, la consommation de méthadone peut provoquer de l’agitation, des nausées, une constipation et d’autres effets secondaires, tandis qu’une utilisation à long terme peut être source de difficultés respiratoires.

PAYS PRODUCTEURS

La méthadone est fabriquée légalement par des sociétés pharmaceutiques dans les pays développés du monde entier. Après avoir été découverte par des scientifiques en Allemagne nazie avant la Deuxième guerre mondiale, la drogue est entrée en production commerciale peu après la guerre, comme analgésique. Elle est maintenant produite sur autorisation dans des laboratoires du monde entier, par exemple aux États-Unis, en France, en Belgique, en Inde et en Chine.

Contrairement aux opiacés tels que la codéine et la morphine, qui sont fabriqués à partir du pavot, la méthadone est un opioïde entièrement synthétique et fabriqué par l’homme. De ce fait, sa production ne dépend pas des récoltes d’opium.

La méthadone vendue illégalement dans la rue provient majoritairement de trafiquants, qui se la procurent auprès de patients possédant une prescription légale, soit comme substitut à l’héroïne, soit comme antidouleur. Elle peut également être volée ou détournée de pharmacies, de centres de désintoxication et d’autres lieux autorisés à stocker la drogue et à la distribuer.

La facilité avec laquelle la méthadone arrive sur le marché noir dépend beaucoup des contrôles et des restrictions concernant l’usage thérapeutique de la drogue. Par exemple, dans les pays où les toxicomanes en rétablissement sont autorisés à emporter chez eux des stocks importants sans surveillance, il y a de plus grandes chances que la drogue se retrouve dans la rue. La méthadone peut également être exportée d’un pays à un autre.

La distribution et la consommation illégales de méthadone sont passibles de lourdes sanctions pénales, notamment des peines d’emprisonnement de longue durée, mais la drogue continue à être achetée et vendue dans la rue.

FAITS ET STATISTIQUES

FAITS

  • La méthadone est un opioïde narcotique.
  • Elle a été développée synthétiquement pour la première fois comme analgésique par des scientifiques allemands en 1937.
  • Elle n’a pas été produite commercialement avant la Deuxième guerre mondiale et son potentiel d’utilisation comme traitement contre l’addiction aux opiacés a été découvert plus tard, dans les années 1960.
  • Elle est utilisée légalement, sur ordonnance, dans de nombreux pays, comme substitut à l’héroïne et comme analgésique.
  • La méthadone interagit avec les récepteurs d’opioïdes du cerveau.
  • Ses effets sont similaires à l’héroïne, sans l’effet «planant» intense. Elle procure une sensation de chaleur, de relaxation et de détachement.
  • La méthadone peut aussi être achetée illégalement dans la rue et utilisée à des fins récréatives. Cette consommation et vente sans autorisation sont illégales au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans bien d’autres pays.
  • Même si elle permet de traiter l’addiction à l’héroïne, la méthadone peut elle-même être très addictive, notamment lorsqu’elle est utilisée sans surveillance appropriée.
  • Son utilisation à cette fin a déclenché une controverse, certaines personnes affirmant qu’elle ne fait que remplacer une addiction par une autre.
  • Ce traitement à la méthadone sous surveillance s’avère beaucoup moins dangereux que le non-traitement de l’addiction à l’héroïne, puisqu’il réduit les risques d’overdose, de maladies liées à l’échange d’aiguilles ou de décès. On sait également qu’il réduit le nombre de crimes liés à l’héroïne dans les communautés, notamment les vols.
  • L’association de la méthadone avec d’autres substances légales ou illégales, telles que l’alcool, peut être extrêmement dangereuse et augmenter le risque d’overdose.

STATISTIQUES

  • Aux États-Unis, le nombre de décès dus à une overdose de méthadone a bondi de 790 en 1999 à 5420 en 2006. Les personnes les plus touchées sont des hommes de race blanche âgés de 35 à 54ans.
  • Les opioïdes, dont la méthadone fait partie, ont représenté 40% des décès par empoisonnement aux États-Unis au cours de cette période.
  • On estime que 73 à 80% des décès par overdose de méthadone aux États-Unis sont involontaires.
  • La méthadone agit lentement, puisque ses pleins effets ne se font souvent sentir qu’au bout de deux à quatre heures. Cela représente un risque important d’overdose pour ceux qui la prennent à des fins «récréatives», car ils peuvent prendre une autre dose en l’absence de l’effet «planant» souhaité.
  • Les effets d’une seule dose de méthadone peuvent durer 24heures. Cela est bénéfique pour les toxicomanes en rétablissement, qui ont besoin d’être soulagés durablement des symptômes de manque de l’héroïne, mais cela veut aussi dire que les effets secondaires tels que les nausées et les étourdissements peuvent être persistants.
  • En Écosse, le taux de mortalité dû à la méthadone est passé de 7 à 1«année-patient» pour1000 après la mise en place d’un contrôle des traitements et d’une surveillance des prescriptions de meilleure qualité.
  • En Angleterre, on a recensé 1406décès dus uniquement à la méthadone entre 2001 et 2008.
  • En 2008, plus de 147000héroïnomanes anglais ont reçu une prescription de méthadone ou d’un substitut similaire.
  • En 2010, le coût du programme de prescription de méthadone écossais avoisinait les 24millions de dollars (15millions£).

SIGNES DE DÉPENDANCE

Même si la méthadone est utilisée pour traiter l’addiction à l’héroïne, elle est elle-même une substance addictive. Dans le cadre d’un programme thérapeutique, son utilisation fait généralement l’objet d’une surveillance étroite pour cette raison.

Mais les héroïnomanes en rétablissement ne sont pas les seuls à pouvoir développer une dépendance à la méthadone. C’est également le cas des personnes qui prennent cette drogue sur ordonnance, pour ses propriétés antidouleur.

Outre ces deux groupes d’utilisateurs légitimes, les individus qui prennent de la méthadone à des fins récréatives sans jamais avoir consommé d’opiacés ou d’opioïdes auparavant peuvent également développer une dépendance à la drogue après l’avoir achetée dans la rue. Enfin, les héroïnomanes non traités qui ont acheté de la méthadone dans la rue pour compenser une pénurie d’héroïne peuvent également devenir «accrocs».

Comme avec tout autre narcotique, la dépendance à la méthadone est à la fois chimique et psychologique, ces deux aspects incitant tous deux à la consommation.

Les personnes dépendantes à la drogue qu’ils prennent sur ordonnance peuvent mentir aux praticiens sur la gravité de leurs symptômes afin d’obtenir une plus grande quantité de drogue. Elles peuvent également devenir très hostiles à l’idée de réduire leur dosage.

En ce qui concerne les consommateurs de méthadone de rue, certains effets secondaires peuvent révéler leur consommation et une possible addiction. Il peut s’agir d’un sentiment d’euphorie et de satisfaction inhabituel et de brusques sautes d’humeur, de nausées, de difficultés urinaires, d’une baisse de la libido, d’une perte d’appétit, d’une transpiration plus abondante et d’étourdissements. Toutefois, il est important de se rappeler que ces symptômes peuvent également être causés par d’autres substances ou pathologies.

TRAITEMENTS

Même si la méthadone peut être utilisée sur prescription dans certaines circonstances, une dépendance à cette drogue est possible et dangereuse, et doit être traitée comme toute autre addiction aux narcotiques.

Le traitement de l’addiction à la méthadone doit s’attaquer à la fois à l’aspect physique (la dépendance chimique qui s’est développée dans le corps de l’individu) et psychologique de la dépendance.

Comme toute autre addiction aux opiacés/opioïdes, il existe différentes méthodes pour aider l’individu à s’en sortir. Quelle que soit la méthode utilisée, le processus doit être étroitement surveillé et adapté à l’individu puisque les effets de manque peuvent être importants et que le risque de rechute est relativement élevé.

Dans les cas les plus graves, la meilleure solution consiste à admettre la personne en centre de désintoxication, où elle pourra recevoir les soins et le traitement dont elle a besoin pour mettre fin à son addiction.

La désintoxication est la première étape du traitement. L’une des approches consiste à diminuer progressivement les doses afin de réduire le nombre et l’intensité des effets secondaires désagréables liés au sevrage. Beaucoup d’anciennes personnes dépendantes ont déclaré que cette désintoxication était aussi dure, voire pire, que l’arrêt de l’héroïne.

On peut également opter pour une désintoxication rapide, qui implique un arrêt immédiat de la méthadone. Cette méthode se déroule presque toujours sous surveillance hospitalière et des médicaments peuvent être administrés au patient pour soulager les symptômes de manque les plus graves.

Les symptômes de manque liés à la méthadone sont, entre autres, des vomissements, des nausées, des pensées suicidaires, une anxiété et une dépression intenses, de la diarrhée, des hallucinations visuelles/auditives et des troubles du sommeil. Ils s’accompagnent généralement d’une envie irrépressible de prendre la drogue.

Malheureusement, ces symptômes peuvent durer assez longtemps (de un mois à six semaines). Même lorsque les pires effets sont passés, un traitement rapproché peut être nécessaire pendant plusieurs mois. Dans certains cas, un séjour prolongé (de plusieurs mois) en centre de désintoxication peut aider le patient à se rétablir et à éviter la rechute.

En plus de la surveillance médicale, les programmes de désintoxication peuvent inclure des conseils, des thérapies et des programmes de soutien avec d’autres toxicomanes en rétablissement. Cette partie du traitement est aussi importante que l’arrêt physique de la drogue, puisqu’elle aide le patient à faire face aux difficultés et aux obstacles liés au rétablissement, mais aussi à adopter un nouveau mode de vie sans drogue.

Dans certains programmes de traitement, les patients peuvent prendre un substitut à la méthadone. Dans ce cas, il faut veiller, une fois encore, à ne pas remplacer une addiction par une autre et c’est la raison pour laquelle on choisit des drogues peut addictives et sans effets secondaires majeurs. L’un des substituts courants est la buprénorphine, aussi appelée Suboxone. Cette substance peut être utilisée tout au long du traitement afin d’atténuer les envies et d’aider le patient à gérer plus facilement les effets de manque.