Khat

TYPE PRINCIPAL

Le khat est une plante qui contient deux substances chimiques stimulantes, la cathine et la cathinone, qui sont libérées lorsqu’on mâche la plante. Il est originaire de la Corne de l’Afrique et de la péninsule arabique. Mâcher du khat est une tradition vieille de plusieurs milliers d’années, une activité sociale dans la région qui encourage les conversations et les prises de décisions. La consommation de khat remonte en effet jusqu’à l’Égypte antique. Bien que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le classe comme une drogue entraînant une dépendance, il n’est pas considéré comme entraînant de fortes dépendances, en tout cas bien moins que l’alcool ou le tabac. Le khat se mâche le plus souvent, mais il peut aussi être séché et consommé comme du thé.

Il est néanmoins illégal dans de nombreux pays, en particulier en Europe et en Amérique du Nord, à cause des stimulants de type amphétamines que la plante contient. Le Royaume-Uni est l’un des rares pays européens où il est légal et non réglementé, et autorise sa production et sa consommation.

La plante elle-même met environ 8 ans pour atteindre sa taille maximum, entre 1,40 et 3 mètres Par le passé, le khat n’était consommé que dans les régions où il était cultivé, du fait qu’il ne procure l’effet désiré que lorsqu’il est frais. Cependant, avec l’arrivée de meilleures voies de distribution mondiales, la consommation de khat a été recensée partout dans le monde. On estime que 10 millions de personnes à travers le monde en consomment quotidiennement.

Ses effets sont comparables à ceux d’un café particulièrement fort, provoquant une légère euphorie et une excitation, s’accompagnant d’une envie de bavarder. Les effets stimulants se manifestent encore plus rapidement que ceux des amphétamines, avec des comportements hyperactifs similaires.

Le khat n’est pas sans risques pour la santé et en tant que drogue entraînant une dépendance, on sait qu’après une consommation prolongée, il provoque des symptômes de manque, incluant une légère dépression, une léthargie et une perte d’appétit. Une consommation prolongée peut abîmer le foie, noircir les dents de façon permanente, augmenter le risque d’ulcères et faire baisser la libido.

AUTRES TYPES

Le khat possède relativement peu de noms de rue par rapport aux autres drogues, sans doute du fait qu’il ne soit pas particulièrement populaire dans les pays développés, étant peu connu et ayant une réputation de drogue inoffensive. Cependant, dans les régions dans lesquelles il est cultivé, le khat est désigné par différents termes qui semblent être davantage une question de prononciation régionale que d’argot. Ces termes incluent «catha», «chaat», «gat», «kat», «qat», «qut», «tschaad, «tohai», «tohat» et «tschut». On l’appelle également «thé abyssinien», «Kus es Salahin» ou «salade africaine». Son nom latin est «Catha edulis».

Étant une drogue peu connue, dont le trafic est pourtant sévèrement puni dans de nombreux pays, le khat n’a pas encore de réel impact sur la culture ou le langage occidental(e). Bien que des quantités de khat faisant l’objet de trafic illicite soient saisies par les autorités dans de nombreux pays chaque année, une grande partie semble être destinée aux communautés expatriées.

PRINCIPAUX EFFETS

Les effets du khat ont été décrits comme étant similaires à ceux d’un café particulièrement fort. Les principaux effets incluent une plus grande vivacité d’esprit, suivie d’une sensation de calme après avoir mâché le khat pendant un long moment. On note également une accélération du rythme cardiaque et de la pression artérielle, qui s’accompagne d’une légère euphorie et d’une hyperactivité, semblables à celles ressenties sous amphétamines. Les consommateurs perdent également l’appétit et ont les pupilles dilatées. Ces effets peuvent durer jusqu’à 24 heures, mais le plus souvent, ne se prolongeront pas au-delà de 90 minutes à 3 heures.

Le khat est une drogue qui entraîne une dépendance et comme toute drogue de ce type, il est également associé à certains effets négatifs, en particulier après une consommation prolongée. Les symptômes de manque peuvent inclure une légère dépression, une irritabilité, une léthargie et des contractions musculaires involontaires, ainsi qu’une tendance à l’agressivité et une anxiété. Les consommateurs peuvent aussi faire des cauchemars, avoir des insomnies et être désorientés, parfois pendant plusieurs jours après avoir mâché du khat.

Les risques à long terme incluent des dommages au niveau du foie, une décoloration permanente des dents et une exposition accrue aux ulcères. Bien que le khat puisse stimuler la libido pendant un court instant après avoir mâché la plante, une consommation prolongée peut entraîner une impuissance. Dans les cas les plus graves de consommation prolongée, les personnes dépendantes peuvent parfois souffrir d’hallucinations. Étant donné que le khat augmente le rythme cardiaque et la pression artérielle, les consommateurs sont bien plus susceptibles d’avoir une crise cardiaque et le fait de mâcher la drogue les expose à un cancer de la bouche. On sait également qu’il provoque une constipation.

Il n’existe aucun lien scientifiquement établi entre la consommation de khat et les maladies mentales, mais on pense généralement que cela peut aggraver les symptômes chez les personnes prédisposées à des troubles psychologiques.

PAYS PRODUCTEURS

Le khat n’est naturellement présent que dans deux régions du monde, qui se trouvent être géographiquementtrès proches : la Corne de l’Afrique et la péninsule arabique. La Corne de l’Afrique englobe l’Érythrée, Djibouti, l’Éthiopie et la Somalie, tandis que la péninsule arabique se trouve juste de l’autre côté de la Mer rouge, où la culture et la consommation de khat se limitent principalement au Yémen. Il est également consommé dans les pays voisins comme le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda, mais il est toutefois illégal en Érythrée. Il pourrait aussi être cultivé à petite échelle dans certains pays comme le Royaume-Uni, où cette drogue n’est pas une substance réglementée. Cependant, le climat ne serait pas du tout approprié, ce qui empêcherait de cultiver du khat dans l’intention de l’approvisionner comme drogue.

Le khat constitue une partie importante de la culture et de l’identité nationales du Yémen, où mâcher du khat est une activité sociale, semblable à bien des égards à la façon dont les occidentaux traitent le café. Ses effets, qui rendent les consommateurs plus vifs d’esprit et plus bavards, en font une substance idéale dans ces cultures pour encourager les conversations et le khat est profondément ancré dans la culture d’entreprise du pays, mais uniquement parmi les Yéménites. Il est surtout mâché par les hommes, bien que les femmes soient également libres de le faire, soit avec les hommes le week-end soit dans leurs propres salles.

Une grande partie des ressources agricoles du Yémen est consacrée à la culture du khat; on estime en effet que l’irrigation des cultures représente environ 40% des ressources en eau du pays. Ceci pourrait poser problème à l’avenir, en particulier car les quantités cultivées ne cessent d’augmenter à un rythme effréné. Les terres consacrées à la culture du khat au Yémen ont été multipliées par plus de 12 entre 1970 et 2000 et ceci ne semble pas près de baisser, pour la principale raison qu’il s’agit d’une culture très lucrative.

Bien que la plupart du khat soit consommé dans les régions où il est cultivé, on sait qu’il est exporté vers d’autres pays, principalement à l’intention des communautés expatriées. Ceci n’est devenu possible qu’avec l’arrivée de meilleures infrastructures et de meilleurs moyens de transport, car le khat n’a aucun effet stimulant s’il n’est pas consommé frais. Il est cependant illégal dans la plupart des pays et bien qu’il ne soit pas actuellement considéré comme une priorité pour les organismes de répression en matière de stupéfiants, les quantités saisies ont augmenté ces dernières années. La police islandaise, par exemple, a intercepté sa toute première cargaison de khat en août 2010. La deuxième n’est arrivée que quelques mois plus tard.

En tant que tradition culturelle émanant des régions où il est cultivé, le khat n’a pas encore d’impact significatif ailleurs, en dehors des populations immigrées. Ceci pourrait être dû à des différences culturelles, mais peut aussi résulter de la disponibilité d’autres drogues en dehors de ces régions. Le cannabis, la cocaïne, les amphétamines et autres ont tous tendance à être moins chers et plus facilement accessibles, en particulier en Europe et en Amérique du Nord, en dépit de leur illégalité. Un autre aspect pourrait être les effets secondaires, et notamment l’impuissance et la décoloration permanente des dents, qui pour de nombreux Européens et Nord-américains, pourraient l’emporter sur les bienfaits potentiels de la consommation prolongée de khat, en particulier lorsqu’il est possible de se procurer facilement des alternatives plus puissantes. Certains pays européens comme les Pays-Bas réfléchissent à la possibilité de légaliser le khat, tandis que les États-Unis le classent comme une substance de Tableau I.

FAITS ET STATISTIQUES

FAITS

  • Le khat est principalement cultivé dans la Corne de l’Afrique et dans la péninsule arabique, où le fait de le mâcher est une tradition culturelle qui remonte à plusieurs milliers d’années.
  • Il est considéré comme l’une des drogues entraînant le moins de dépendance, moins en tout cas que le tabac, l’alcool, les solvants ou les stéroïdes anabolisants.
  • Cependant, les consommateurs réguliers peuvent tout de même développer une dépendance.
  • Le khat contient deux substances chimiques stimulantes, la cathinone et la cathine. On ne comprend pas encore exactement comment ces substances chimiques se comportent.
  • Il faut 7 à 8 ans pour qu’un plant de khat atteigne sa taille maximum, mais ses feuilles, qui sont la partie que l’on mâche ou que l’on fume, peuvent être récoltées plusieurs fois par an.
  • Il est important que les feuilles de khat restent fraîches pour pouvoir en tirer un effet stimulant. Lorsqu’elles sèchent, la substance chimique la plus puissante, appelée cathinone, se décompose, laissant derrière elle la cathine, une substance chimique moins forte.
  • Au Yémen, le khat est surtout fumé par les hommes, mais aussi parfois par les femmes.
  • Il s’agit d’une drogue sociale culturellement importante dans les régions dans lesquelles elle est cultivée. La population locale se rassemble souvent pour passer l’après-midi ensemble à mâcher du khat et à profiter de ses effets stimulants, qui incluent une plus grande vivacité d’esprit et une tendance à bavarder davantage.
  • Le khat n’est pas très populaire en dehors des régions où il est cultivé, excepté au sein des communautés d’immigrés à l’étranger. S’agissant d’un produit périssable et illégal dans la plupart des pays, il peut être difficile de l’approvisionner régulièrement.
  • Il est complètement légal au Royaume-Uni, contrairement à la plupart des autres pays européens, au Canada et aux États-Unis, où il ne l’est pas.
  • Le khat est le plus souvent mâché, mais on peut aussi le faire sécher et le consommer comme du thé.
  • On ne connaît pas avec certitude l’origine exacte du khat et certains supposent qu’il pourrait avoir été cultivé à l’origine en Éthiopie.
  • Le khat lui-même ne devrait techniquement pas être illégal, mais la cathine et la cathinone le sont.

STATISTIQUES

  • On estime que 10 millions de personnes à travers le monde consomment du khat au quotidien.
  • Au Yémen, 82% des hommes et 43% des femmes auraient déjà essayé le khat.
  • Dans le cadre d’une étude sur les immigrants somaliens à Londres effectuée en 1997, 76% ont déclaré consommer davantage de khat au Royaume-Uni qu’ils ne le faisaient en Somalie.
  • En réponse à un questionnaire de l’OMS envoyé en 2005 à 67 pays, seuls 9 ont répondu que le khat était consommé dans leur pays.
  • Sur ces 9 pays, seul le Kenya a déclaré que la consommation de khat était très répandue, l’estimant à 20%.
  • En 1970, la superficie des terres utilisées pour cultiver du khat au Yémen était de 8000 hectares.
  • En 2000, elle était de 103000 hectares.
  • Les études montrent que les Yéménites dépensent environ 17% des revenus de la famille en khat.
  • On estime que 70 à 80% des Yéménites adultes de moins de 50 ans mâchent du khat au moins de manière occasionnelle.
  • Les effets du khat, lorsqu’on le mâche, se font ressentir au bout de 15 minutes. Ceci est plus rapide que les amphétamines, qui mettent généralement environ 30 minutes.
  • Ces effets peuvent durer jusqu’à 24 heures, mais dureront le plus souvent entre 90 minutes et 3 heures.

SIGNES DE DÉPENDANCE

Le khat ne provoque pas tellement de dépendances par rapport aux autres drogues, mais il est néanmoins tout à fait possible d’en développer une. Bien que sa consommation soit généralement limitée aux régions de l’Afrique et du Moyen-Orient, et aux immigrés originaires de ces régions, il commence à se répandre ailleurs.

Plusieurs signes peuvent indiquer une consommation de khat. Le plus évident est le fait de mâcher en permanence. Le khat provoque des sensations d’excitation et de légère euphorie, avec une tendance à être plus loquace, et bien qu’ils puissent avoir une plus grande vivacité d’esprit, les consommateurs peuvent avoir du mal à se concentrer sur quoi que ce soit. Il stimule également la libido et fait perdre l’appétit. Une hyperactivité inhabituelle, en particulier à des moments réguliers de la journée, peut être un signe de consommation de khat.

Une fois que les premiers effets s’estompent, les consommateurs peuvent ressentir des symptômes de manque, comme une légère dépression, une irritabilité, une léthargie et de légères contractions musculaires. Ceci est souvent suivi d’une insomnie et d’une extrême fatigue le lendemain, avec une baisse de la productivité au travail. Les signes de dépendance à long terme incluent une perte de poids, des hémorroïdes, des bronchites et des troubles gastro-intestinaux réguliers. Les autres signes peuvent inclure de fréquents vertiges et des maux de tête.

L’un des signes les plus évidents de consommation de khat est la décoloration des dents. Une consommation régulière de khat sur une période prolongée entraîne un noircissement permanent des dents, qui prennent une teinte verdâtre, ainsi que des maladies des gencives.

TRAITEMENTS

Le khat est l’une des drogues entraînant le moins de dépendance, mais ceci ne signifie pas pour autant qu’une dépendance ne peut pas s’installer. Il est toutefois parfaitement possible de traiter soi-même une dépendance au khat, car les symptômes de manque sont bien moins importants que ceux de stimulants plus puissants comme les amphétamines. Les dépendances restent occasionnelles, mais l’organisme peut tout de même développer une dépendance chimique à la drogue. La cathine, l’un des stimulants présents dans le khat, peut être traitée avec des médicaments pour atténuer l’envie et les symptômes de manque, cependant il n’existe pas de substitut pour la cathinone, l’autre stimulant présent dans le khat.

Contrairement aux drogues plus dures, un séjour dans un centre médical pour traiter une dépendance au khat est tout à fait inutile, car l’organisme peut se défaire d’une dépendance assez rapidement, sans effets secondaires importants et sans que cela ne perturbe le quotidien. Comme pour la dépendance au tabac, l’arrêt du khat est essentiellement une question de volonté.

Ceci étant, il peut quand même être utile de consulter un médecin lorsqu’on tente d’arrêter de mâcher du khat. Celui-ci pourra donner des conseils ou prescrire des médicaments pour atténuer les symptômes de manque, mais surtout, le khat peut contribuer à plusieurs autres problèmes de santé qui peuvent requérir une certaine vigilance. Étant donné que la consommation de khat est très répandue principalement au sein des communautés yéménites et somaliennes, les symptômes d’affections comme le cancer de la bouche et une altération de la fonction hépatique peuvent ne pas avoir été contrôlés.

Le khat peut aussi contribuer à des problèmes de santé beaucoup plus graves. Par exemple, le rythme cardiaque et la pression artérielle élevés, qui constituent certains des effets du khat, peuvent entraîner une hypertension, une crise cardiaque et une attaque cérébrale. Le cancer de la bouche peut aussi représenter un risque pour la santé résultant d’une consommation prolongée de khat, tout comme les hémorroïdes, les problèmes gastro-intestinaux, l’impuissance, les ulcères et les bronchites.

Ces problèmes médicaux graves résultant directement de la consommation de khat sont plutôt rares, même parmi les gros consommateurs, mais ils constituent tout de même un risque. C’est pourquoi, bien qu’il puisse être relativement simple de se défaire d’une dépendance au khat par rapport à des drogues un peu plus puissantes, il serait néanmoins prudent de traiter, si possible, les éventuels dommages physiologiques que la drogue a provoqués du fait d’une consommation prolongée.

Comme pour toute drogue habituelle, d’autres thérapies peuvent aussi être bénéfiques. Par exemple, les chewing-gums peuvent remplacer l’habitude de mâcher du khat. Occuper le temps habituellement passé à consommer la drogue avec d’autres activités peut aussi aider. Bien que l’organisme cesse d’être chimiquement dépendant au khat assez rapidement après l’arrêt, l’aspect psychologique de l’abandon d’une vieille habitude peut constituer un obstacle important, quoique parfaitement surmontable.