Morphine

TYPE PRINCIPAL

La morphine appartient à la catégorie des drogues appelées narcotiques. Il s’agit d’un opiacé, qui provient donc du pavot tout comme l’opium. La morphine est synthétisée à partir de l’opium brut. Elle est principalement utilisée dans un cadre médical pour traiter la douleur, notamment après des opérations chirurgicales ou lors des soins palliatifs des malades en phase terminale.

La morphine est commercialisée sous forme de pilules ou de sirop. Elle peut également être injectée dans le sang ou administrée en suppositoire. Les consommateurs illicites peuvent s’injecter, avaler ou fumer la morphine. Cette substance est souvent utilisée par les héroïnomanes comme drogue alternative en raison de sa puissance et de ses effets similaires. Le sulfate de morphine ressemble à une poudre blanche. Il est soluble dans l’eau et partiellement soluble dans l’alcool.

Comme d’autres opioïdes, la morphine agit en se fixant aux récepteurs d’opioïdes du cerveau, de l’appareil digestif et de la colonne vertébrale, ce qui modifie la façon dont l’organisme traite la douleur.

La morphine a été isolée à partir de l’opium brut en 1804 par le chimiste allemand Friedrich Sertürner, qui a choisi ce nom par rapport au dieu grec des rêves, Morphée. Avec l’invention de l’aiguille hypodermique en 1853, l’utilisation de la morphine s’est répandue puisqu’elle pouvait désormais être administrée selon un dosage précis. La morphine a rapidement été préférée à l’opium pour soulager la douleur et a été massivement administrée aux troupes blessées lors de la guerre civile américaine. À la fin de cette guerre, plus de 40000soldats étaient devenus dépendants à la morphine. De même, en Europe, la guerre franco-prussienne aurait rendu dépendants des centaines de milliers de soldats. En Amérique, l’utilisation de la morphine a été interdite en 1914, sauf sur prescription d’un médecin.

Cette drogue est la plus puissante de tous les opioïdes et s’avère très addictive. Même si une dépendance physique peut mettre plusieurs mois à se développer, la dépendance psychologique peut, elle, apparaître au bout de seulement quelques doses tellement la drogue est puissante et efficace pour soulager la douleur et procurer un état d’euphorie à l’utilisateur.

AUTRES TYPES

Dans la rue, la morphine est principalement utilisée comme substitut à l’héroïne. Elle peut se présenter sous forme de pilules blanches à avaler et porter le nom de «white lady». Ces comprimés peuvent également être réduits en fine poudre blanche pour être inhalés, dissous dans de l’eau ou de l’alcool puis bus ou injectés sous forme de solution. Cette poudre est parfois appelée «sel» ou «sucre».

Pour jouer sur la première lettre du mot, la morphine a été surnommée «Emma» (aussi «Aunt Emma», «Miss Emma», «Emsell» et les variantes de ces noms, dont «Missy», «Auntie» et «Em»).

Elle est également appelée «Mister Blue», «China White», «Morph», «White Stuff», «Morpho», «Dreamer», «Unkie», «God’s drug» et «Pectoral Syrup».

PRINCIPAUX EFFETS

La morphine, comme d’autres opioïdes tels que l’opium brut et l’héroïne, agit sur les récepteurs d’opiacés du système nerveux central. La prise de morphine induit d’abord un sentiment d’euphorie. Elle supprime toute douleur ressentie par l’utilisateur, libère de l’anxiété, coupe la faim et rend également somnolent. Lorsqu’une personne prend de la morphine, sa respiration devient plus superficielle. Par conséquent, si la dose est trop forte, la drogue peut fortement affaiblir le système respiratoire et entraîner un coma ou la mort.

La morphine a également pour effet de supprimer le réflexe de toux. Elle peut constiper et faire baisser la libido. Enfin, elle peut modifier le cycle menstruel des femmes.

La consommation durable de morphine peut créer une tolérance à la drogue, ce qui obligera les utilisateurs à prendre des doses toujours plus fortes pour obtenir le même effet. De plus, la morphine est addictive, aussi bien sur le plan psychologique que physique.

Cela s’explique notamment par les effets de manque qui surviennent à l’arrêt de la drogue. Le sevrage peut provoquer de fortes nausées, des vomissements, des pleurs incontrôlables, des bâillements involontaires ainsi que d’importants frissons et sueurs froides. Les symptômes les plus aigus peuvent durer jusqu’à trois jours.

Si une femme enceinte prend de la morphine, elle transmettra la drogue à son bébé par le placenta et celui-ci souffrira également d’effets de manque à sa naissance.

La consommation durable de morphine peut altérer le système immunitaire, ce qui rendra l’utilisateur plus vulnérable aux infections.

PAYS PRODUCTEURS

En 2010, le plus gros producteur mondial de morphine a été le Royaume-Uni, avec 97,4tonnes de drogue. Ce chiffre représente 23% de la production totale de morphine dans le monde. Les États-Unis sont arrivés en deuxième position, avec 78,4tonnes (19% de la production mondiale). Puis viennent la France, avec 67,9tonnes ou 16% de la production mondiale, et l’Australie avec 41,2tonnes ou 10% de la production mondiale. Enfin, le cinquième plus gros producteur de morphine a été l’Iran, avec 23,4tonnes, ce qui représente 6% de la production mondiale.

Ensemble, ces cinq nations ont représenté 74% de la production mondiale de morphine, ce qui montre que la grande majorité de la drogue est fabriquée dans les régions industrialisées influentes, à savoir l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Australasie.

Les chiffres de 2010 montrent que quatre autres pays ont contribué chacun à plus de 10tonnes de la production mondiale de morphine. Il s’agit de la Chine (18,5tonnes), du Japon (12,5tonnes), de la Slovaquie (11,5tonnes) et de la Hongrie (10,5tonnes).

Entre 1990 et 2010, la production et la consommation de morphine ont progressé dans le monde.

Les États-Unis ont consommé environ 55% du total mondial, l’Europe environ 27%, le Canada un peu plus de 4% et l’Australie et la Nouvelle-Zélande un peu moins de 3%.

Les pays producteurs de morphine exportent la drogue aux quatre coins du monde. La quantité totale exportée en 2010 avoisinait les 25tonnes, le principal exportateur étant le Royaume-Uni, avec 33% du total. La même année, la Slovaquie a exporté 17% du total.

En termes d’importation, sept pays ont importé plus d’une tonne de morphine: le Royaume-Uni, le Brésil, l’Allemagne, la France, l’Autriche, le Canada et la Hongrie. Parmi ces pays, c’est la France qui a été le plus gros importateur, avec 4,4tonnes, suivie de près par l’Allemagne, avec 4,3tonnes.

Même si en termes de vente commerciale, la morphine est une drogue relativement abordable, son accès est limité dans plusieurs pays en développement. En 2005, six pays (les États-Unis, le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France) ont, à eux seuls, été responsables de 79% de la consommation totale de morphine, alors que les pays les plus pauvres, qui représentent 80% de la population mondiale, n’ont consommé que 6% du total mondial.

Dans les pays de production, la morphine est classée de différentes façons. Au Royaume-Uni, elle est considérée comme une drogue de classeA en vertu du Misuse of Drugs Act. Il s’agit également d’une drogue réglementée du tableau2 dans un cadre médical. Aux États-Unis, la morphine est également considérée comme une drogue du tableauII, alors qu’au Canada, il s’agit d’une drogue du tableauI. Enfin, en Australie, la morphine fait partie des drogues aux bienfaits thérapeutiques qui présentent un risque d’abus, comme la cocaïne et la kétamine.

FAITS ET STATISTIQUES

FAITS

La morphine est le plus puissant de tous les opiacés. Son utilisation est très répandue dans le milieu médical en raison de sa grande efficacité pour soulager la douleur, mais elle peut faire l’objet d’abus et avoir des conséquences psychiques dévastatrices. Voici ce qu’il faut savoir sur cette drogue:

  • Comme tous les opioïdes, la morphine est extraite des capsules de pavot.
  • Elle est considérée comme l’analgésique (ou antidouleur) le plus efficace par la profession médicale.
  • La morphine se fixe aux récepteurs d’opioïdes des intestins, de la colonne vertébrale et du système nerveux central.
  • Elle est très addictive, aussi bien sur le plan physique que psychologique, notamment parce que le corps développe une tolérance à la drogue.
  • La morphine est si efficace pour soulager la douleur que les médecins estiment que ses bienfaits dépassent les risques d’addiction.
  • La prise de morphine génère un sentiment d’euphorie, de la somnolence, une baisse de l’anxiété et une respiration superficielle.
  • Cette drogue est très utilisée dans les hôpitaux après une grosse opération chirurgicale et pour soulager la douleur des malades en phase terminale.
  • Une overdose de morphine peut entraîner une dépression respiratoire, auquel cas la respiration devient si superficielle qu’elle entraîne une suffocation.
  • La morphine modifie la perception des utilisateurs.
  • Elle coupe l’appétit, constipe et rend léthargique.
  • Une consommation durable peut endommager le système immunitaire des utilisateurs.
  • La morphine est souvent utilisée par les héroïnomanes n’ayant plus accès à leur drogue.
  • Les effets de manque liés à la morphine sont, entre autres, des nausées et des vomissements, des tremblements, de la transpiration, des frissons et des pleurs incontrôlables.

STATISTIQUES

  • Les études montrent que la morphine est plus addictive que bien d’autres drogues telles que le cannabis, la cocaïne, le tabac, l’alcool, l’ecstasy et le LSD.
  • La morphine fait partie de la cinquantaine d’alcaloïdes chimiques présents dans l’opium brut. Elle représente entre 8 et 17% du poids sec de l’opium brut.
  • Sur tous les décès liés à la drogue survenus en Angleterre et au Pays de Galles entre 2000 et 2004, les opiacés, dont la morphine, ont été responsables de 4978d’entre eux.
  • Aux États-Unis, environ 10% de la population a déjà abusé d’un opiacé, dont de la morphine, au moins une fois dans sa vie.
  • Selon une étude de 1999, plus de la moitié des décès accidentels liés à la drogue étaient dus à de la morphine ou à de l’héroïne.
  • 88% de la production mondiale de morphine est extraite de la «paille de pavot», c’est-à-dire le pavot récolté en entier moins ses graines mûres. Le reste de la production provient de l’opium, qui est extrait sous forme de sève de pavot séchée.
  • En 2010, les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, le Canada, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont représenté plus de 93% de la consommation de morphine.
  • En Australie, le nombre de personnes ayant reçu une prescription de morphine contre la douleur a augmenté de 89% entre 1995 et 2003.
  • Statistiquement, les personnes qui s’injectent de la morphine sont le plus souvent des hommes sans emploi et sans domicile fixe.
  • Ceux qui ont l’habitude de s’injecter de l’héroïne sont plus susceptibles de s’injecter d’autres drogues et d’avoir souffert de problèmes physiques liés à l’injection intraveineuse. Une étude australienne a montré que 27% des personnes ayant l’habitude de s’injecter de la morphine avaient déjà eu des bleus ou des cicatrices et que 36% d’entre eux avaient eu du mal à trouver une veine pour effectuer l’injection.
  • Selon cette même étude, 38% des personnes s’étant récemment injecté de la morphine ont déclaré être dépendantes à la drogue.

SIGNES DE DÉPENDANCE

Les signes les plus visibles d’une addiction à la morphine sont ceux qui se manifestent par effet de manque. Il s’agit notamment de transpiration, de tremblements et de vomissements. En outre, les personnes souffrant d’effets de manque liés à la morphine peuvent sembler très anxieuses et ressentir de la douleur.

L’addiction à la morphine se caractérise également par des modifications physiques et comportementales chez l’utilisateur. Une personne qui est sous l’influence de la morphine peut souffrir d’un manque de coordination des mouvements, d’une somnolence extrême, d’une respiration superficielle et de courbatures, mais aussi perdre conscience. Ses pupilles seront anormalement petites, son visage sera rouge et son mécanisme de pensée pourra sembler anormal et illogique. Enfin, l’utilisateur pourra être moins sensible à la douleur, avoir des problèmes d’articulation, rouler les yeux involontairement et avoir du mal à uriner.

La morphine provoque de la rétention d’eau, ce qui fait que l’utilisateur pourra montrer des signes de gonflements et d’empâtement.

Une personne qui s’injecte de la morphine portera peut-être des marques d’aiguille sur le corps, notamment sur les bras, les chevilles ou derrière les genoux.

L’addiction à la morphine peut avoir un profond effet émotionnel sur l’utilisateur, qui pourra paraître anxieux, déprimé ou irritable et ressentir un bien-être excessif ou, au contraire, une forte peur irrationnelle. Les personnes dépendantes à la morphine sont également sujettes à des rêves et des hallucinations.

Certaines personnes sont allergiques à la morphine, auquel cas elles pourront souffrir d’éruptions cutanées, d’éternuements répétés et de difficultés respiratoires.

Les signes d’une overdose de morphine sont des membres et des muscles mous, une peau froide ou moite au toucher, un faible rythme cardiaque et une perte de conscience.

TRAITEMENTS

L’addiction à la morphine étant très forte, elle nécessite presque toujours un programme de traitement professionnel, qui peut être administré au service de conseil ou de traitement d’un centre de désintoxication, selon la gravité de l’addiction et d’autres facteurs.

Par ailleurs, les effets de manque liés à la morphine sont si importants qu’un sevrage sans soutien professionnel peut avoir de graves conséquences sur la santé du morphinomane.

Le traitement implique d’abord l’arrêt de la consommation. Le sevrage à la morphine, comme pour d’autres opioïdes, passe par plusieurs phases. La première, qui survient entre 6 et 14heures après la dernière dose, se caractérise par une envie irrépressible de la drogue, de l’irritabilité, de l’anxiété, de la transpiration et une légère dépression.

Lors de deuxième phase, qui a lieu entre 14 et 18heures après la dernière dose, le morphinomane baille, transpire abondamment et pleure. C’est là que la dépression la plus sévère survient. Au cours des 72heures suivantes, la personne peut avoir le nez qui coule, la chair de poule, des bouffées de froid ou de chaleur, des douleurs dans les membres, des crampes intestinales, des insomnies, un pouls rapide, des vomissements, de la diarrhée, une éjaculation involontaire, une perte de poids rapide et une plus grande sensibilité à la douleur. Les effets de manque les plus importants se produisent entre 48 et 96heures après la dernière dose. Ils s’atténueront dans les 8 à 12jours.

Le traitement de l’addiction à la morphine doit s’attaquer à la fois à la dépendance physique et psychologique. Il inclut souvent des séances de thérapie ayant pour but d’identifier les causes profondes de l’addiction et de la thérapie de groupe où les morphinomanes partagent leurs expériences.

Un changement d’environnement physique ainsi que des moteurs comportementaux sont nécessaires pour éviter la rechute, fréquente chez les personnes dépendantes à la morphine. Les consommateurs d’opiacés tels que la morphine et l’héroïne ont un taux de rechute parmi les plus élevés. Certains professionnels de santé estiment que ce taux est 98% supérieur à celui des personnes dépendantes à d’autres drogues.

Il a été démontré que les programmes de désintoxication en externe destinés aux morphinomanes étaient beaucoup moins efficaces que les programmes en interne, ce qui s’explique surtout par la durée des effets de manque. Il arrive souvent que les morphinomanes utilisent une autre forme de la drogue, souvent sur ordonnance, pour les aider à surmonter les symptômes. Ils se tournent souvent vers les antidépresseurs pour essayer de se désintoxiquer, ce qui génère une autre addiction. Ce phénomène est appelé «addiction mixte».La meilleure façon pour les morphinomanes de se défaire de leur addiction est d’adopter un mode de vie exempt de toute drogue.

L’addiction à la morphine est insidieuse et peut «contaminer» silencieusement quelqu’un qui a commencé à utiliser ce produit légitimement pour soulager des douleurs. De ce fait, un morphinomane peut être dans le déni. Dans ce cas, les amis ou la famille de cette personne peuvent organiser une «intervention», au cours de laquelle ils échangeront leurs expériences en expliquant comment la dépendance du morphinomane les a touchés, ce qui aidera ce dernier à prendre conscience qu’il a un problème.