Héroïne

TYPE PRINCIPAL

Héroïne est le nom donné dans la rue à un puissant stupéfiant appelé diacétylmorphine, dérivé du pavot à opium et entraînant une très forte dépendance. Au Royaume-Uni, la diacétylmorphine, également appelée diamorphine, est fréquemment prescrite dans le cadre médical, généralement pour traiter une douleur intense, et est préférée à la morphine pour ses effets secondaires moins importants. Consommée en tant que drogue récréative, elle est appelée héroïne et on estime que 15 à 21 millions de personnes en consommeraient à travers le monde. L’héroïne peut être injectée, sniffée, fumée, prise par voie orale ou en suppositoire.

Elle est consommée principalement pour les sensations d’euphorie et de relaxation qu’elle produit, qui sont plus intenses que celles de nombreuses autres drogues. Elle est cependant également associée à de nombreux effets négatifs et sa dépendance est connue pour être difficile à traiter.

L’héroïne, qui était en fait à l’origine une marque de commerce, a été développée par Bayer, une société pharmaceutique allemande, en tant qu’antitussif vendu sans ordonnance. Elle a dans un premier temps été commercialisée en remplacement de la morphine, une drogue récréative populaire à l’époque. Elle a été présentée comme un produit n’entraînant aucune dépendance – une affirmation qui s’est avérée largement inexacte.

L’héroïne est dérivée du pavot à opium, cultivé principalement en Asie, mais aussi dans certaines parties du Mexique et de la Colombie. En 2004, on estimait que l’Afghanistan représentait 87% de l’approvisionnement mondial de diacétylmorphine, l’héroïne dérivée des pavots afghans tuant environ 100000 personnes par an. Ces pavots sont généralement exportés et synthétisés en héroïne ailleurs, principalement par les gangs du crime organisé dans le cas de trafic illicite. L’héroïne fait ensuite l’objet d’un trafic à travers le monde pour répondre à la demande.

Cette drogue est profondément ancrée dans la culture populaire et de nombreuses célébrités sont connues pour en avoir consommé ou pour y avoir succombé. La dépendance à l’héroïne est parmi les plus invalidantes de toutes les drogues et a des effets négatifs sur de nombreux organes. Les gouvernements du monde entier déploient des moyens considérables pour empêcher le trafic d’héroïne, détruire les réserves et aider les toxicomanes à se débarrasser de leur dépendance.

AUTRES TYPES

Le terme «héroïne» est en réalité un nom de rue, celle-ci étant appelée diacétylmorphine dans le cadre médical. Étant une drogue largement consommée dans le monde, elle a cependant également plusieurs autres noms de rue. Ceux-ci incluent entre autres «dope», «junk», «smack» et «skag» et ces noms varient souvent d’un pays ou d’une région à l’autre.

Il existe également un important lexique de termes d’argot associés aux activités liées à l’héroïne et aux associations d’héroïne avec d’autres drogues. «Chasser le dragon», par exemple, fait référence au fait de fumer de l’héroïne, tandis que «cuisiner» fait référence au fait de la mélanger avec de l’eau pour la préparer en vue de se l’injecter. Comme pour les noms de la drogue elle-même, il existe de très nombreux autres noms de rue liés à l’héroïne et à la consommation d’héroïne.

PRINCIPAUX EFFETS

Les personnes consomment de l’héroïne principalement pour ressentir une sensation d’euphorie et de relaxation. Les consommateurs présentent des rougeurs, leurs membres sont lourds et ils alternent entre une sensation d’éveil et de somnolence. L’héroïne de la rue est cependant associée à divers effets secondaires négatifs, à court et à long terme. Ceci est renforcé par le fait que l’héroïne de la rue est souvent coupée avec d’autres substances chimiques nocives, ce qui augmente encore davantage les risques.

En dehors des problèmes de dépendance, la consommation répétée d’héroïne peut entraîner une infection des parois et des valvules cardiaques, une constipation chronique et altérer la fonction rénale et hépatique. S’injecter la drogue dans les veines permet de la faire passer immédiatement dans le système, mais avec le temps, une même veine utilisée à chaque fois finira par s’affaisser et de nouvelles veines devront être trouvées. L’utilisation d’aiguilles pour injecter l’héroïne expose au risque de contracter des maladies telles que l’hépatite et le VIH, ainsi que d’autres infections.

L’un des risques les plus importants en cas de consommation d’héroïne est celui de dépendance. L’organisme développe rapidement une tolérance à la drogue, poussant à prendre des doses de plus en plus importantes, jusqu’au point où plus aucune sensation d’euphorie n’est ressentie et où les toxicomanes consomment l’héroïne juste pour éviter les symptômes de manque.

C’est pourquoi le risque d’overdose est particulièrement élevé avec l’héroïne. Les consommateurs n’ont aucun moyen de savoir avec quoi l’héroïne est coupée, bien souvent avec des substances chimiques nocives dont on ignore les proportions. Ce sont souvent ces substances chimiques, plutôt que l’héroïne elle-même, qui sont fatales en cas d’overdose.

PAYS PRODUCTEURS

L’héroïne est l’une des drogues les plus rigoureusement réglementées, classée au Tableau I aux États-Unis, classée en catégorie A au Royaume-Uni et soumise à une réglementation similaire à travers le monde. Ceci n’empêche cependant pas totalement son trafic.

L’héroïne est dérivée du pavot à opium, cultivé dans certaines parties d’Asie, principalement en Afghanistan. Une grande partie de la culture mondiale du pavot se fait également dans une région appelée le «Triangle d’or», qui s’étend sur certaines parties de Myanmar, du Laos, du Vietnam, de la Thaïlande et de la Chine. Le Mexique et la Colombie ont également commencé à cultiver du pavot en quantités de plus en plus importantes ces dernières années et le Mexique est à présent le deuxième exportateur mondial, fournissant une grande partie du marché de l’héroïne américain.

À l’exception du Mexique, le pavot à opium est rarement synthétisé en héroïne dans le même pays que celui dans lequel il est cultivé. Le processus utilisé pour transformer le pavot en morphine, puis en diacétylmorphine, est un processus fastidieux qui consomme des ressources que les cultures vivrières ne peuvent souvent pas se permettre. Le pavot est plutôt exporté vers d’autres pays, où il est traité dans des laboratoires d’héroïne pour obtenir le produit final, avant d’être expédié vers le pays dans lequel il sera vendu et consommé.

Le trafic d’héroïne expose à de lourdes peines d’emprisonnement et dans de nombreux pays d’Asie du sud-est, est passible de la peine de mort. Le trafic d’héroïne est en grande partie contrôlé depuis de nombreuses décennies par les réseaux du crime organisé. Durant la première moitié du XXe siècle, le trafic illicite d’héroïne était principalement contrôlé par les triades chinoises. Cependant, après la fin de la Seconde guerre mondiale, la mafia italienne a commencé à fabriquer cette drogue dans des laboratoires d’héroïne situés en Sicile. La Sicile bénéficiait d’une position géographique idéale, le long du principal itinéraire de trafic reliant l’Asie à l’Europe. La guerre d’Afghanistan a ensuite contribué à accroître la production de pavot dans ce pays, l’argent de cette culture lucrative ayant servi à acheter des armes. Les cartels de la drogue mexicains et colombiens contrôlent une énorme partie du trafic d’héroïne en Amérique centrale et du Sud.

La consommation d’héroïne est répartie de manière relativement égale dans le monde, avec des marchés dans presque toutes les régions. On compte un nombre particulièrement élevé de consommateurs en Russie et en Chine et, proportionnellement à leurs populations respectives, également un grand nombre au Pakistan et en Iran. Il existe des marchés de l’héroïne bien ancrés en Europe, en Afrique et dans les Amériques, avec des millions de consommateurs dans chaque région. En termes de quantité d’héroïne réellement consommée, en 2008, l’Europe (incluant la Russie) était responsable de près de la moitié de la consommation mondiale d’héroïne. L’Amérique du Nord représentait environ 6%.

Les pays d’Asie et du Moyen-Orient affichent également des niveaux de consommation d’opium extraordinaires, que beaucoup préfèrent à l’héroïne, en particulier en Iran. Presque toute l’héroïne qui circule en Europe, en Asie et en Afrique provient d’Asie, tandis que presque toute celle d’Amérique du Nord et du Sud provient du Mexique et de la Colombie.

Les gouvernements n’adoptent pas tous la même approche vis-à-vis du traitement de la dépendance à l’héroïne. Bien que cette drogue soit illégale dans presque tous les pays, il existe néanmoins des programmes destinés à aider les toxicomanes à décrocher, qui impliquent notamment de fournir des doses contrôlées aux toxicomanes en partant du principe que les symptômes de la dépendance et du manque peuvent être traités plus efficacement, tout en réduisant le risque qu’implique l’utilisation de lots impurs. Cet arrangement est jugé de loin préférable au fait que les consommateurs de drogue perpétuent le marché illicite de la drogue. Lancée en Suisse, cette approche est aujourd’hui utilisée dans certaines parties du Danemark, du Canada, de la Hollande, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, apparemment avec un relatif succès.

FAITS ET STATISTIQUES

FAITS

  • Le terme héroïne est en réalité le nom de rue donné à la diacétylmorphine, une drogue utilisée en médecine comme antidouleur.
  • Elle a été synthétisée pour la première fois par Bayer, une société pharmaceutique allemande, en 1895, comme remède contre la toux vendu sans ordonnance. Elle a involontairement été commercialisée comme un produit n’entraînant aucune dépendance et la société s’est retrouvée fortement embarrassée lorsqu’il est devenu évident que ce n’était pas le cas.
  • Elle est profondément enracinée dans la culture populaire, servant de source d’inspiration à de nombreux livres, films et chansons. De nombreuses grandes célébrités ont souffert d’une dépendance à l’héroïne et certaines en sont mortes.
  • L’héroïne est l’une des drogues présentant le plus de risque de dépendance, laquelle peut faire d’énormes ravages sur l’organisme.
  • Le pavot à opium, dont l’héroïne est dérivée, n’est cultivé que dans quelques pays, principalement en Asie. Il provient cependant aujourd’hui de plus en plus du Mexique et de la Colombie. En 2008, le Mexique était le deuxième fournisseur mondial d’opium, bien qu’il reste bien loin derrière l’Afghanistan, d’où provient la plupart de l’héroïne consommée dans le monde.
  • Par le passé, le trafic d’héroïne était largement contrôlé par les réseaux criminels, incluant les triades chinoises, la mafia italienne et les cartels de la drogue mexicains et colombiens. C’est toujours le cas aujourd’hui.
  • Outre son utilisation dans les hôpitaux pour contrôler la douleur, la diacétylmorphine est également prescrite dans certains pays aux héroïnomanes pour les aider à se sevrer. En contrôlant l’approvisionnement, il est possible d’empêcher les effets nocifs des substances chimiques et des composés ajoutés dans l’héroïne vendue dans la rue. Cela permet également de traiter les symptômes physiologiques et psychologiques de la dépendance et du manque.
  • La fabrication d’héroïne est un processus complexe, chaque tonne d’héroïne produite nécessitant plusieurs tonnes d’opium.

STATISTIQUES

  • En 2009, le marché mondial de l’héroïne était estimé à environ 55 milliards de dollars.
  • L’Afghanistan représente près de 90% de toute la production d’héroïne. Celle-ci a atteint un pic dans le pays en 2007, avec plus de 8000 tonnes d’opium produites, avant de baisser légèrement les années suivantes.
  • En 2008, on a estimé à près de 12 millions le nombre de consommateurs d’héroïne à travers le monde. En Russie, dans le reste de l’Europe, dans les Amériques, en Afrique et en Chine, les consommateurs d’héroïne se comptent en millions.
  • Sur les 343 tonnes d’héroïne consommées dans le monde en 2008, près de la moitié l’ont été en Europe, avec 70 tonnes consommées rien qu’en Russie.
  • En 2007, la production d’opium a atteint près de 9000 tonnes, son plus haut niveau jamais enregistré.
  • Plus de 3,5 millions d’Américains auraient déjà essayé l’héroïne.
  • L’héroïnomane américain moyen dépense plus de 150 dollars pour assouvir sa dépendance.
  • En 2009, 642 kg d’héroïne ont été saisis par la DEA.
  • Chaque kilo d’héroïne afghane nécessite environ 7 kg d’opium afghan pour sa production.
  • Le pavot afghan produit généralement plus d’opium que le pavot de Myanmar, qui nécessite 10 kg.
  • Environ 14% de toutes les hospitalisations liées à la drogue impliquent l’héroïne.
  • En Angleterre et au Pays de Galles en 2006, l’héroïne et la morphine ont contribué à 713 décès, dépassant de loin toute autre drogue illicite.

SIGNES DE DÉPENDANCE

La dépendance à l’héroïne est l’une des dépendances aux drogues les plus graves et peut se manifester par un certain nombre de signes. Les effets physiologiques d’une dose d’héroïne incluent un ralentissement de la respiration, une bouche sèche, une peau rouge et une alternance entre un état de somnolence et de vivacité d’esprit. Une fois que les effets s’estompent, les consommateurs ressentent des symptômes de manque qui incluent une envie irrépressible, un état dépressif, une transpiration, des insomnies, des nausées, de la fièvre, des sueurs froides, une anxiété et des bâillements ou des éternuements excessifs. Ces effets varient selon la personne, la quantité consommée et la durée de consommation, ainsi que selon la tolérance de chacun, et surviennent généralement dans les 6 à 24 heures suivant la dernière prise.

Une consommation importante d’héroïne peut amener une personne à décrocher de la réalité et à se préoccuper uniquement de savoir où et comment elle pourra se procurer sa prochaine dose. Abandonner des routines habituelles, limiter ses échanges avec les autres et perdre tout intérêt pour des activités auparavant appréciées peuvent être des signes de consommation de drogue. L’héroïne est connue pour provoquer de fortes dépendances et les héroïnomanes sont prêts à tout pour l’obtenir, parfois même à tremper dans des activités illégales. Des problèmes financiers persistants, le fait de mentir à sa famille et à ses amis et le fait de voler de l’argent et des objets peuvent être des signes de dépendance à l’héroïne.

Des marques aux endroits où l’héroïnomane s’est injecté la drogue, généralement sur les bras, mais aussi sur n’importe quelle partie du corps où il peut trouver une veine, peuvent être un signe de consommation d’héroïne. Avec l’aggravation de la dépendance à la drogue et de la tolérance, les symptômes mentionnés ci-dessus peuvent devenir de plus en plus prononcés avec le temps, à mesure que les dosages augmentent.

TRAITEMENTS

L’héroïne étant une drogue qui provoque une très forte dépendance et les effets de manque étant très prononcés, un sevrage entamé seul, bien que ce soit possible, constituera très certainement une période traumatisante pour un héroïnomane et aura peu de chances de réussir. C’est pourquoi il est toujours préférable de consulter son médecin avant d’essayer de décrocher. Même avec l’aide de professionnels de la santé, l’héroïne fait partie des drogues dont il est très difficile de se sortir.

Dans certains pays, il est possible de se voir prescrire de la diacétylmorphine pour faciliter le sevrage. Des doses pures de la drogue seront administrées sous surveillance, afin de réduire le risque d’effets indésirables pour la santé provoqués par les substances chimiques nocives généralement utilisées pour couper l’héroïne de la rue. Dans le même temps, le dosage peut être progressivement réduit et certains des symptômes de manque peuvent être traités médicalement. Ce traitement n’est cependant pas proposé dans tous les pays. La méthadone, un substitut aux opiacés, peut avoir des résultats similaires. La prise régulière d’un dosage de méthadone approprié peut aider à éviter les symptômes de manque et permettre à un consommateur de prendre part à des activités régulières et de retrouver une vie normale. L’inconvénient du traitement à la méthadone est qu’à un certain moment, le consommateur devra arrêter la méthadone elle-même, bien qu’il existe d’autres médicaments pour faciliter cette transition.

Les symptômes de manque se font ressentir environ 12 heures après la dernière dose d’héroïne, atteignent un point culminant au bout de 2 ou 3 jours et durent plus d’une semaine. Bien qu’ils ne mettent pas la vie du consommateur en danger s’il n’y a pas d’autres complications, les effets du sevrage peuvent être très pénibles et très invalidants pour les héroïnomanes.

Des professionnels de la santé formés peuvent faciliter la transition et traiter certains des symptômes tels que l’insomnie et les nausées. L’héroïnomane est ainsi pris en charge dans un environnement sûr, où il ne risque pas de se faire du mal, à lui-même ou aux autres.

Le plus important pour aider un héroïnomane à se sevrer est de s’assurer qu’il ne peut pas se procureur une nouvelle dose. C’est pourquoi il est recommandé de se faire hospitaliser ou d’intégrer un centre de désintoxication. Dans ces centres, le traitement médical des symptômes peut s’accompagner de thérapies comportementales et cognitives, qui peuvent aider à traiter les causes sous-jacentes de la dépendance à l’héroïne, souvent complexes. De très nombreux problèmes peuvent être à l’origine d’une dépendance à la drogue et des rechutes peuvent se produire s’ils ne sont pas traités. Une situation professionnelle, des relations sociales et le bien-être général, associés à une prédisposition à la dépendance, peuvent être des facteurs contribuant à la consommation d’héroïne. De nombreux consommateurs d’héroïne auront besoin de soutien pendant plusieurs mois, voire même plusieurs années après avoir arrêté la drogue.

Quel que soit le traitement choisi, se débarrasser d’une dépendance à l’héroïne n’est jamais facile. Cependant, le fait qu’autant de personnes y arrivent montre que c’est parfaitement à la portée de toute personne suffisamment motivée. Pour mettre toutes les chances de son côté, il est recommandé de consulter tout d’abord son médecin pour discuter de la meilleure approche à adopter. Il s’agira généralement d’un traitement à multiples facettes tenant compte des symptômes physiques du manque et des facteurs sous-jacents qui ont contribué à la dépendance.